Cour de cassation : Constant Mutamba évoque les embouteillages pour justifier son retard à l’audience

Cour de cassation : Constant Mutamba invoque les embouteillages pour justifier son retard à l'audience

L’ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba, a finalement fait son apparition ce mercredi dans la salle d’audience de la Cour de cassation à Kinshasa, avec près d’une heure de retard sur l’horaire prévu pour l’ouverture de son procès.

Attendu à 9h30, l’homme politique est entré dans la salle Marcel Lihau peu après 10h20, alors que la Cour avait déjà entamé les vérifications de procédure en son absence.

« Je présente mes excuses à la Cour pour ce retard. Les embouteillages de la ville de Kinshasa ont fortement perturbé mon arrivée », a déclaré Mutamba à la barre, le ton posé mais le visage visiblement marqué par la tension du moment.

Accusé de détournement présumé de 19 millions de dollars américains, fonds publics alloués à la construction d’une prison centrale à Kisangani dans la province de la Tshopo, l’ancien garde des Sceaux a comparu devant la haute juridiction suprême, où il est désormais justiciable depuis la levée de son immunité parlementaire le mois dernier par l’Assemblée nationale.

Avant l’arrivée du prévenu, le premier président de la Cour avait entamé l’audience par un rappel formel du cadre légal et de la régularité de la citation à comparaître. « La Cour constate que la cause est en état et que le prévenu n’a pas comparu. La procédure étant régulière, la Cour peut procéder. Devant cette instance, il n’y a pas de procès par défaut », avait alors déclaré le président de la formation.

Les avocats de Constant Mutamba, eux aussi présents dans la salle dès le début des débats, avaient sollicité une remise à titre conservatoire, arguant ne pas encore disposer du dossier complet. « Il y a eu une précipitation dans la fixation de l’audience », ont-ils affirmé, ajoutant que le dossier n’aurait été transmis au greffe que dans la nuit de mardi à mercredi.

Constant Mutamba, dans une posture prudente, a également tenu à préciser que sa présence ce jour à la barre s’inscrivait dans une logique de respect des institutions, mais sans abandonner ses griefs antérieurs contre le ministère public. « Je comparais à titre provisoire », a-t-il glissé, rappelant qu’il avait déjà récusé le procureur général Firmin Mvonde et les magistrats de son office, pour ce qu’il qualifie d’« inimitié manifeste ».

Plusieurs proches du prévenu et membres de son parti, la NOGEC, continuent d’affirmer qu’il s’agirait d’un « procès politique », visant écarter une figure montante de l’opposition républicaine.

La Cour de cassation, consciente de l’intérêt public entourant cette affaire, a tenu à garantir une certaine transparence en retransmettant le procès en direct à la télévision nationale, comme l’a précisé un communiqué officiel du Conseil supérieur de la magistrature.

Toutefois, à l’extérieur de la Cour, les forces de l’ordre ont été déployées pour dissuader tout attroupement, conformément aux consignes de sécurité diffusées en amont par les autorités judiciaires. La grande salle d’audience, limitée à 150 places assises, a rapidement été saturée, seuls les détenteurs d’une accréditation ayant pu y accéder.

En attendant, c’est un Constant Mutamba rattrapé par la justice qu’a vu la République ce matin : l’ancien pourfendeur des détourneurs de fonds publics, le ministre qui promettait « le chien devant tout voleur », se retrouve désormais dans le box des accusés, à défendre sa propre version de la rigueur.

L’ancien ministre de la Justice, autrefois perçu comme un chevalier de la rigueur et de la moralisation de la vie publique, se retrouve aujourd’hui à la barre pour avoir autorisé le décaissement de 19 millions de dollars dans un marché douteux de construction d’un complexe carcéral à Kisangani, attribué de gré à gré à une société peu connue, Zion Construction Sarl.

Les investigations préliminaires évoquent des irrégularités graves : absence d’appel d’offres, absence d’agrément de l’entreprise, incompétence technique avérée, et, plus grave encore, soupçon d’usage de fonds issus des réparations payées par l’Ouganda pour les victimes de la guerre de six jours.

CTMAMPUYA

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