RDC : l’ODEP met à nu les nouveaux visages du néo-colonialisme et dénonce « souveraineté confisquée » du Congo

Lors de sa conférence placée sous le thème : « De la décolonisation au Génocost aujourd’hui : enjeux et perspectives pour la RDC et l’Afrique », le président du Conseil d’administration de l’ODEP, le professeur Florimond Muteba Tshitenge, appelle à une véritable renaissance africaine, fondée sur la souveraineté économique, politique et culturelle.

Pour le conférencier, la décolonisation, malgré son caractère historique, n’a pas brisé les mécanismes de domination hérités du passé.

« L’histoire politique et économique du Congo post-indépendance demeure celle d’une souveraineté confisquée. Depuis 1960, notre pays avance sous le poids d’une
domination moins visible, mais tout aussi implacable celle d’un réseau d’intérêts
étrangers, appuyé par des alliés internes, qui perpétuent les logiques d’exploitation
sous des formes modernisées », explique-t-il.

Selon lui, le néo-colonialisme utilise désormais « des outils plus subtils, mais tout aussi efficaces : dépendances financières, accords inégaux et mainmise sur nos ressources ».

La République démocratique du Congo, pays immensément riche mais structurellement appauvri, incarne ce paradoxe.

« Nous avons conquis le droit d’avoir un drapeau, mais pas encore celui de tracer notre propre destin », insiste Muteba.

Le président de l’ODEP qualifie la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC de « génocide à bas bruit », motivé selon lui par une guerre géostratégique autour des minerais stratégiques.

« Ce n’est pas un simple conflit local. C’est un génocide économique et géostratégique, orchestré pour contrôler le coltan, le cobalt et l’or qui alimentent les industries du monde », affirme-t-il.

Il dénonce un « silence complice » de la communauté internationale, pendant que les populations paient de leur sang l’accès aux ressources convoitées.

Évoquant l’accord RDC–USA passé via le Rwanda, Muteba estime qu’il illustre une stratégie de domination par procuration.
« Les grandes puissances sous-traitent désormais leur influence à des relais régionaux », note-t-il.

Selon lui, cette approche humilie davantage le Congo : « Comment comprendre qu’un pays aussi riche doive passer par un autre pour parler à ses partenaires ? »

Pour l’analyste, la véritable faiblesse congolaise n’est pas économique : « Le Congo ne souffre pas d’un manque de ressources, mais d’un déficit de souveraineté et de confiance nationale. »

Pour sortir de la dépendance prolongée, Muteba propose un changement de paradigme fondé sur quatre axes :
• reconstruire l’appareil productif ;
• revaloriser l’agriculture ;
• maîtriser les chaînes de valeur industrielles ;
• rationaliser le train de vie de l’État.

« Un pays ne se construit pas sur des chiffres, mais sur des citoyens épanouis et conscients », rappelle-t-il.
Il appelle à une planification rigoureuse, inclusive et tournée vers l’intérêt collectif :

« Planifier, c’est prévoir, mais c’est aussi écouter, comprendre et hiérarchiser. », dit-il.

Florimond Muteba insiste sur la nécessité de redéfinir la coopération internationale

« Le Congo n’a pas vocation à quémander. Il doit négocier debout, dans la transparence et la réciprocité. »

La coopération du futur, selon lui, doit être celle « des peuples qui se respectent, non des puissances qui s’exploitent ».

Le conférencier conclut par un appel à la responsabilité collective du continent :
« La liberté ne se demande pas, elle se construit. »

Il invite l’Afrique à se réapproprier ses modèles, ses institutions et sa pensée.
« L’Afrique n’a pas besoin qu’on la sauve. Elle a besoin qu’on la laisse redevenir elle-même. »

Selon lui, le Congo, « cœur battant du continent », doit montrer l’exemple en incarnant « le courage, la clairvoyance et la dignité qui fondent toute souveraineté véritable ».

CTMAMPUYA

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