Dans un communiqué rendu public ce mercredi 02 juillet , l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) fustige l’accord de paix signé le 27 juin 2025 à Washington entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, sous la médiation des États-Unis.
Loin de saluer un geste diplomatique historique, l’ODEP y voit un “triomphe du sous-impérialisme sous-régional” et accuse les autorités congolaises de transformer le pays en une “colonie d’exploitation du Rwanda”.
« Cet accord consacre la dépendance de notre économie, l’effacement de notre souveraineté et la consolidation d’un modèle d’exploitation postcolonial. C’est un tournant historique gravement régressif », déclare Florimond Muteba Tshitenge, président du Conseil d’administration de l’ODEP.
L’accord, signé à Washington, vise officiellement à désamorcer les tensions militaires entre la RDC et le Rwanda. Il prévoit notamment une renonciation mutuelle aux actes hostiles, la création d’un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire (JSCM), l’appui au processus de désarmement et réintégration des groupes armés (P-DDRCS), ainsi que le retour des réfugiés dans la dignité.
Pour les partenaires internationaux, cet accord incarne une dynamique nouvelle en faveur de la paix dans la région des Grands Lacs. Mais pour l’ODEP, cette façade cache de graves compromissions.
« Ce texte présente l’apparence d’une solution diplomatique, mais il enterre nos intérêts fondamentaux. Il ne garantit ni le retrait des troupes rwandaises, ni une reconnaissance claire de l’agression que subit notre pays », s’insurge l’ODEP.
L’un des points les plus sensibles reste la « cogestion » des ressources stratégiques entre la RDC et le Rwanda, sans débat parlementaire ni mécanisme de contrôle indépendant. Sont concernés notamment le lac Kivu, les parcs nationaux et les minerais critiques.
« C’est une trahison constitutionnelle. La RDC n’est plus propriétaire de son sous-sol », dénonce Florimond Muteba.
L’ODEP y voit la perpétuation d’un modèle d’économie extravertie, hérité de la colonisation, où les ressources congolaises alimentent les marchés extérieurs tandis que les populations locales demeurent dans la pauvreté.
« Signer un texte d’une telle importance sans débat démocratique revient à confisquer la voix du peuple congolais », déclare l’organisation.
S’appuyant sur l’analyse de l’avocat Guy-Patrick Kiba Typo, l’ODEP énumère les articles de la Constitution violés par l’accord :
• Article 5 (2) : droit à l’autodétermination ;
• Article 9 : souveraineté sur les ressources naturelles ;
• Article 16 et 19 : droit à la justice et à la réparation ;
• Article 34 et 50 : droit de propriété et de protection des citoyens ;
• Article 56 et 57 : criminalisation du pillage ;
• Article 64 : devoir de résistance à toute atteinte à la souveraineté.
CTMAMPUYA