Le projet de loi initié par l’ancien candidat malheureux à la présidentielle de 2018, Noël Tshiani, visant à empêcher des congolais dont l’un des deux parents a des origines étrangères, de postuler à la présidence de la République continue de défrayer la chronique.
S’exprimant sur la question devant la presse le samedi 29 mai à Lubumbashi, Bob Kabamba, professeur de Sciences politiques à l’Université de Liège en Belgique qualifie cette initiative de “conflictogène qui n’apporte rien au pays”.
“Je suppose que pour ceux qui sont partisans de la congolité, c’est une question d’opportunité politique. Les hommes politiques généralement quand ils voient qu’il y a une opportunité, ils essaient de la saisir et de pouvoir exister sur cette problématique là. Scientifiquement, c’est prouvé partout ailleurs, dans le monde et en Afrique, que le processus d’exclusion, le processus de congolité, ivoirité, …tous ces concepts là n’ont amené que des conflits”, a-t-il dit.
Bob Kabamba rappelle les conséquences en Côte d’Ivoire dont certains politiciens avaient surfé sur le concept de “l’ivoirité” au début des années 2000 pour exclure leurs concurrents.
“C’est une question fondamentale. Quand vous regardez l’histoire politique aussi bien du Congo que de beaucoup de pays africains, cette question était abordée dans les années 60 et 70. Dans beaucoup de pays qui avaient adopté cette dynamique-là, ils ont fini dans une situation chaotique. Il n’y pas plus tard on a eu le cas de la Côte d’Ivoire avec l’histoire de l’ivoirité sur cette question-là. Et nous avons vu que ça a abouti à une guerre civile qui a été meurtrière et qui a fait reculer la Côte d’Ivoire de plusieurs années”, a-t-il rappelé.
Ce co-rédacteur de la constitution du 18 février 2006 indique par ailleurs que la question de la “congolité” fait partie d’une kyrielle d’interrogations qui avaient été abordées au moment de son élaboration par les constituants. Les réponses avaient été apportées par toute la classe politique pour éviter de tomber dans le piège d’exclusion.
Au stade actuel, Bob Kabamba estime qu’il est inopportun de revenir sur une question qui a été déjà traitée depuis des lustres.
‘’On n’a mis des bases au niveau de la constitution qui permettent justement de pouvoir éliminer tout ce qu’on appelle articles conflictogènes. Et ça c’est une question conflictogène qui ramène le conflit et le Congo n’a pas besoin de commencer à revenir en arrière sur des questions qui avaient été déjà réglées’’, a-t-il ajouté.
Il sied de noter que l’initiative de Noel Tshiani vise à écarter de la course à la présidentielle de 2023 tous les congolais dont l’un des deux parents n’a pas les origines congolaises. Cette initiative veut également verrouiller l’accès à certains postes politiques, entre autres, la présidence du Sénat et de l’assemblée nationale.
Dostin Eugène Luange