Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU et cheffe de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a échangé vendredi 13 juin une série de discussions approfondies avec le leadership de l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) à Goma.
Elle a effectué cette visite à la veille de son intervention devant le Conseil de sécurité des Nations Unies prévue le 27 juin.
« Je suis venue à Goma dans un esprit d’écoute et d’échange. Cette visite intervient à un moment critique, dans un contexte de tensions persistantes, et à quelques jours de mon briefing devant le Conseil de sécurité des Nations Unies », a-t-elle déclaré devant la presse, après près de dix heures de réunion à huis clos avec les cadres de la rébellion.
La rencontre, tenue à Goma, a marqué la première réunion officielle entre la MONUSCO et l’AFC/M23 depuis que cette dernière a pris le contrôle de la capitale provinciale du Nord-Kivu fin janvier. Si le contenu exact des échanges n’a pas été rendu public, la longueur de la réunion ainsi que la présence de hauts responsables de chaque côté témoignent de l’importance stratégique des discussions engagées.
Bintou Keita a tenu à rassurer sur la nature de cette initiative : « Cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’une continuité d’efforts conjoints entamés depuis quelques mois au profit de la population. »
Elle a notamment rappelé le rôle joué par la MONUSCO dans le transfert de 1 359 éléments des FARDC et de la Police nationale congolaise (PNC) de Goma à Kinshasa, une opération humanitaire menée avec le concours du CICR, du gouvernement congolais et de l’AFC/M23.
« La MONUSCO reste engagée à appuyer toutes les initiatives susceptibles de favoriser une désescalade des tensions. Les responsables de l’AFC/M23 ont exprimé leur volonté de trouver une solution pacifique à la crise », a-t-elle poursuivi. Avant d’insister sur l’importance d’un dialogue inclusif.
La Monusco est engagée dans un processus de retrait progressif du territoire congolais. Toutefois, l’ONU réaffirme que ce départ ne doit pas signifier un désengagement face aux responsabilités essentielles, notamment celle de protéger les civils dans les zones de conflit.
La reprise de Goma par le M23, soutenu par le Rwanda, a plongé la ville et sa région dans une crise humanitaire majeure. Selon Human Rights Watch, au moins 21 civils ont été exécutés les 22 et 23 février dans le quartier de Kasika, exécutés sommairement, certains recevant une balle dans la tête, d’autres retrouvés dans des chantiers ou près de puits .
Ces exactions s’inscrivent dans le cadre d’une offensive lancée en janvier par les rebelles. Depuis lors, Goma et Bukavu sont sous contrôle du M23, des affrontements ayant fait des milliers de victimes et déplacé des centaines de milliers de personnes .
Un autre rapport, celui d’Amnesty International, évoque des détentions illégales, tortures et disparitions forcées dans des centres de détention à Goma et Bukavu, où des civils accusés de collusion avec le gouvernement auraient été retenus dans des conditions déplorables, parfois jusqu’à la mort .
CTMAMPUYA