Butembo – Activisme du M23: Plus de 5.800 ménages de déplacés « dans le besoin » entassés dans des familles d’accueil et sites occasionnels

L’activisme des “terroristes” du M23 a provoqué le déplacement de plusieurs habitants du Sud du territoire de Lubero vers la ville commerciale de Butembo. Depuis la prise de Kirumba par ces rebelles, en fin juin 2024, l’Organisation Non Gouvernementale (ONG) Intégration Sociale pour la Promotion des Nécessiteux (ISPRON) note avoir enregistré plus de 5.800 ménages. Les activistes des droits humains et les autorités locales plaident pour l’assistance des bonnes volontés.

Ils sont comptés à des centaines ces déplacés qui affluent vers Butembo chaque semaine. Ces citoyens congolais viennent de Kanyabayonga, Miriki, Luofu, Kayna, Bulotuwa, Kirumba, Kimaka, Kitsombiro, Kayna, Alimbongo, Matembe et ailleurs où la peur gagne le chef de la population suite à la progression du M23. Arrivés à Butembo, parfois sans souliers, certains déplacés n’ont que leurs habits qu’ils portent.

« Je viens d’Alimbongo. J’ai pris la route à pied. Derrière nous, c’est le feu. Je n’ai rien pris, sauf mon enfant. Je ne sais pas où nous allons dormir aujourd’hui. Peut-être on pourra rester ici à Butembo tout le temps que la situation se stabilise chez nous », déclare cette femme accompagnée de son enfant en âge scolaire.

Dans les enceintes de l’église paroissiale de la cathédrale de Butembo où nous l’avons rencontrée mardi 07 janvier 2025, se tiennent des rencontres hebdomadaires pour traiter les questions liées à la vie de déplacés encadrés par l’ISPRON qui travaille en étroite collaboration avec les autorités locales. Ici, Zawadi Sarah note avoir fui à pied avec d’autres habitants, de Kirumba jusqu’à Butembo.

« Nous avons quitté notre village pour fuir les combats. J’ai même piqué une crise cardiaque en cours de route. Nous supportions des intempéries comme la pluie. Arrivée ici à Butembo, je n’ai nulle part où habiter et rien à manger. Et alors si je tombe malade, n’en parlons pas », s’inquiète-t-elle.

Masika Kahindo Marie Jeanne, secrétaire exécutive de l’ISPRON, confirme la présence de plus de 5 mille ménages de déplacés à Butembo. Elle indique que ces vulnérables nécessitent de la nourriture, du logement ou abris, des médicaments, habits et d’autres besoins pour leur survie. « Ces personnes sont hébergés dans les sites improvisés dans les écoles et marchés puis dans les familles d’accueil parce que Butembo n’a pas de camp officiel », précise-t-elle.

Inquiétudes des activistes des droits humains

Les activistes des droits humains ne restent pas indifférents face à cette situation. Devant la presse de Butembo vendredi 10 janvier 2025, Maitre Kasereka Sekera a décrié la persistance de l’insécurité dans l’Est de la RDC et ainsi condamné « la passivité » des autorités face au calvaire qu’endurent les déplacés.

« Plusieurs déplacés sont dans des familles d’accueil, familles qui n’ont pas nécessairement assez de ressources », plaide cet activiste des droits humains. Par rapport à la situation sécuritaire dans leurs zones d’origine, poursuit-il, « on ne sent pas un engagement solide à la hauteur du défi et on ne voit pas de très fortes et pertinentes propositions ».

Pistes des solutions

Pour essayer de porter appui et soutien aux déplacés, les autorités en collaboration avec les structures d’encadrement des déplacés, dont l’ISPRON, ont initié la distribution des jetons, « Jeton 2025 », devant permettre d’apporter secours aux déplacés qui vivent pour la plupart dans des familles d’accueil, d’avoir accès notamment aux soins médicaux pour les malades. « Les concernés sont ceux qui sont porteurs d’une recommandation des chefs des entités de base où ils résident », note Masika Kahindo Marie Jeanne.

En parallèle, le comité urbain de déplacés, sous la houlette de l’autorité urbaine, applaudit l’accompagnement que les uns et les autres apportent aux déplacés. Kavira Vake, la présidente, plaide cependant, pour un encadrement accentué et un appui des bonnes volontés. « Si vous avez quelques occupations, quelques travaux manuels à soumettre aux déplacés, n’hésitez pas à nous le dire parce qu’ils ont aussi, au-delà de chercher à manger, besoin de trouver du travail », plaide-t-elle.

La dernière assistance aux déplacés de Butembo date d’octobre 2024. Le Programme Alimentaire Mondial prévoyait ainsi une quantité de 577,572 tonnes, à offrir à une cible de 5 mille 404 ménages de déplacés de guerre, soit 34 mille 689 déplacés.

Visesa Louangel

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