Aux côtés de plusieurs parcelles déjà perdues suite aux érosions en ville de Butembo, des centaines d’autres sont en voie de disparition dans les quartiers comme Kalemire, Vutetse, Munzambaye et Vutsundo. Dans cette ville de la province du Nord-Kivu, le silence des autorités de base ouvre la voie à des initiatives parfois fragiles et parfois à court terme.
En cellule de Lyambo, bloc Kivisire au quartier Kalemire où nous avons été, lundi 07 avril 2025, plus de 120 ménages sont devenus locataires à cause de l’érosion qui sévit dans cette partie de la commune Bulengera. Le chef de quartier explique que c’est depuis 2021 que cette catastrophe a commencé à envahir des parcelles. Malgré les plaidoyers déjà entrepris à différentes instances, aucun résultat positif n’est signalé.
Le témoignage rejoint la désolation d’une femme qui raconte que plusieurs autorités sont d’ailleurs déjà passées par là pour s’imprégner de l’état de lieu de la situation. « Différentes autorités se sont déjà présentées ici. Elles enregistrent même les victimes de cette catastrophe naturelle. Mais, elles ne reviennent plus. C’est une situation très inquiétante », déplore Denise Kavugho, aujourd’hui locataire avec ses 4 orphelins de père.
Les limites entre quartiers ont disparu
A Vutetse, Vutsundo et Katsya, la situation est pareille. L’histoire que racontent nos interlocuteurs, les habitants, revient même sur l’écroulement des maisons sur celles des voisins suite aux érosions. Dans ces quartiers de la ville de Butembo et plusieurs autres, le Parlement de jeunes note avoir identifié au moins 250 parcelles en voie de disparition depuis le début de l’année 2025. Robert Maneno Mathe, le président, parle aussi de 90% de ponts en voie de disparition en commune Bulengera depuis janvier 2025. Dans plusieurs quartiers, difficile de passer d’un quartier à un autre.
« Nous avons mené des enquêtes et nous avons compris que les quartiers Rughenda et Kyaghala, par exemple, ne sont plus reliés. Il n’y n’a plus moyen de passer d’un quartier à un autre plus facilement parce que c’est presque impossible de voir des ponts qui relient les 2 quartiers », raconte Robert Maneno Mathe.
Des initiatives locales
Nous avons tenté d’interroger la cheffe de service urbain de l’environnement pour comprendre comment les autorités se saisissent de la question des érosions en ville de Butembo. Kahambu Kituli Luciana est restée sans mot. Hors micro, notre interlocutrice a plutôt encouragé les habitants à toujours penser à l’entretien des terres par le plantage des arbres antiérosifs.
Dans le même ordre d’idée, le Parlement des jeunes note avoir lancé, depuis le vendredi 04 avril, une campagne de sensibilisation sur la lutte contre des érosions. « La première activité a vécu dans la vallée de la rivière Vihuli en cellule Kadungu dans le quartier Rughenda. Nous nous sommes dit que c’est déjà un problème parce que les populations qui ont perdu leurs parcelles dans cette voie, elles vont poser la question à qui? Nous pensons que la campagne va continuer », rassure le Président Robert Maneno Mathe.
Ce cadre de la structure citoyenne plaide pour l’intervention des organisations intervenant dans le secteur de l’environnement, afin de mettre pallier tant soit peu le phénomène et venir au secours des familles déjà sans abris.
Visesa Louangel