Butembo : Des groupes de pression dénoncent le « monnayage de la justice à l’auditorat militaire »

Des groupes de pression et mouvements citoyens accusent l’auditeur militaire, garnison de Butembo (Nord-Kivu), de tremper dans le monnayage de la justice. La dernière accusation en date, est celle portée en Mars 2025 par le Parlement Débout de Furu, qui mentionne que l’Auditeur demande 1000 USD américains comme caution de liberté provisoire. Alors que le ministère de la justice attend enquêter sur la question, le camp de l’incriminé exige des preuves des accusateurs.

« L’Auditeur militaire doit quitter Butembo parce qu’il demande souvent 1000 dollars américains comme caution de liberté provisoire et a déjà refusé de libérer des jeunes de Furu et environs au Nord de la ville ». C’est la réclamation que porte sur la voie publique le Parlement debout de Furu, depuis le samedi 15 mars 2025. Pour se faire entendre, ce groupe de pression a placardé des affiches avec message en swahili, notamment à Furu.

« Au regard de la manière de gérer de notre Auditeur de la ville de Butembo, nous, population du Nord-Kivu, récusons l’Auditeur Nkuwa Milose Georges parce qu’il prend l’auditorat pour une boutique propre à lui en refusant de libérer plus de 28 personnes, pourtant déjà autorisées à quitter la prison. Nous lançons cet appel à l’Auditeur général et au Ministre de la justice pour demander le départ immédiat de cet auditeur qui nous rançonne. Nous avons trop souffert de votre caution de 1000 dollars. Kakwangura (Prison urbaine de Butembo, Ndlr) est plein d’innocents par manque de cette somme exorbitante qui est une caution illégale et beaucoup de gens viennent de mourir en prison de Kakwangura », lit-on sur l’affiche du Parlement Debout de Furu.

Une lutte commune ?

La prise de position du Parlement Débout de Furu intervient quelques jours après que le cabinet de l’avocat Maître Kasereka Kisunga Guy-Guy a dénoncé, auprès du Ministère de la justice et garde des sceaux en République Démocratique du Congo, ce qu’ils appellent « abus de pouvoir de l’Auditeur militaire de garnison de Butembo ». La dénonciation en question a été rédigée le 12 février 2025 et reçue le 03 mars 2025 au cabinet du Ministère de la justice et à l’Auditeur général près la haute Cour militaire.

Maître Kasereka Kisunga Guy-Guy précise que sa lutte est loyale, administrative et non de la rue. « Ma lettre et ma position communiquées à qui de droit sont claires. Les gens du PDF sont mieux situés à défendre leur cause », résume-t-il.

Accusations sans preuves ?

L’Auditeur militaire que nous avons joint n’a pas souhaité donner une réaction aux accusations lisibles sur les affiches du Parlement débout de Furu. A l’auditorat militaire où nous avons été, il nous a chargé d’entrer en contact avec l’inspecteur Kazele, l’un de ses collaborateurs, pour obtenir la version de l’auditorat. Sans beaucoup tergiverser, ce dernier a exigé les preuves des accusations portées contre l’auditeur militaire.

« Nous avons soif de voir les victimes du paiement de cette caution. Nous avons appris que quelqu’un, pour une question de grossesse ou de vol d’une chèvre, est relâché après paiement de 1000 dollars. Est-ce qu’il y a des preuves ? Le Parlement dit que c’est ça la pratique, d’accord mais, il a combien de cas ? Nous aurions souhaité que des gens nous arrivent avec des faits et non des accusations sans preuves. Nous avons besoin même d’un cas d’une seule personne de Furu ou d’ailleurs à qui on a déjà demandé ces 1000 dollars. Entre l’Auditeur et les familiers des personnes arrêtées, il y a les avocats. Qui des avocats dit avoir payé 1000 dollars pour que son client soit libéré ? Si c’était question d’argent, les avocats pouvaient en parler », argumente ce proche de l’Auditeur militaire.

Sans insister sur cette question, notre interlocuteur explique, néanmoins, que la justice est juste.

« Savez-vous que le vendredi 14 mars, l’Auditeur a libéré 20 personnes ? Il y a 16 civils et 4 militaires. Posez-leur la question, combien elles ont payé. Pour votre information, 6 sont de Manguredjipa et étaient dépourvus de tout. Un bienfaiteur leur a payé le transport de retour. Quelqu’un qui ne sait pas se payer même le transport peut payer 1000 dollars de caution ? Le samedi, 260 militaires arrêtés le mois dernier pour faire éviter à la ville de Butembo le pillage après qu’ils ont fui le front ont été libérés pour reconditionnement au centre de Nyaleke. Eux aussi ont payé 1000 dollars ? », s’interroge-t-il en lieu et place de l’Auditeur militaire qui était en mission en dehors de la ville.

En attendant, la suite du dossier, Maître Kasereka Kisunga Guy-Guy qui enquête sur les questions de justice à Butembo rassure avoir obtenu du Ministre Constant Mutamba et de l’Auditeur général du ministère de la Justice une promesse de suivre de près la question.

Visesa Louangel

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