L’eau mêlé aux matières fécales coule dans les caniveaux de “Kakwangura”, avec comme point de départ, l’entrée de la prison urbaine de Butembo. Ce liquide vert traverse le rond-point de la Mairie et dégage son odeur jusque dans les restaurants tout autour. En attendant les solutions durables, l’ingénieur Kambale Wasingya Samuel encourage la vidange régulière des toilettes pour prévenir la santé de la population tout autour.
C’est à près de 7 minutes de la mairie de Butembo que se situe la prison de Kakwangura. Ici, plus de 1.300 détenus occupent un espace initialement prévu pour 200 personnes. Depuis près de 5 ans, des matières fécales coulent de la geôle, jusque dans le caniveau longeant cette maison pénitentiaire. Matières fécales, détritus ménagers et autres déchets décomposés ressortent de cette maison, menaçant ainsi la santé de plusieurs personnes.
« Nous avons déjà alerté les autorités, mais en vain. Ça nous dérange. Quand il pleut, ça se déverse dans des parcelles. On a déjà plaidé pour que cette situation soit palliée, mais en vain. Depuis que je suis né, cette saleté coule toujours dans nos cellules », dénonce ce voisin des locataires de la maison carcérale.
Danger sanitaire permanent
Entre autres maladies qui peuvent attaquer les voisins de cette prison, Docteur Katembo Byaghumba Baraka évoque la fièvre typhoïde, le choléra, le paludisme et les verminoses intestinales. Ce médecin traitant au Centre Hospitalier Kivika, au Nord de la ville de Butembo, invite la population environnante à « veiller sur les enfants pour qu’ils ne fréquentent pas les endroits que traversent les eaux colorées et à bien couvrir la nourriture pour que les mouches ne s’y déposent pas ».
Les monitorings de plusieurs activistes des droits humains dans cette maison de correction n’ont pas obtenu gain de cause. La fondation « Prime Métal Mundu Ngawe » qui s’y intéresse régulièrement pense que la solution à cette situation devrait être le désengorgement. Puisque, selon cette organisation, « la réalité sur les matières fécales déversées dans les rues et avenues handicape, d’ailleurs, la réputation de la ville ».
Les habitants et la direction de la prison disent avoir déjà alerté l’autorité urbaine quant à la situation, mais sans succès. Au cours des entretiens avec yabisonews.cd mardi 14 janvier 2025, les habitants menacent, quant à eux, d’effectuer un sit-in sans retour à la prison urbaine de Butembo-Kakwangura si rien n’est fait.
Des solutions à court terme
Pour comprendre dans quelle mesure des solutions palliatives peuvent être trouvées dans le cadre de cette situation, nous avons contacté l’ingénieur Kambale Wasingya Samuel. Pour commencer, ce spécialiste en bâtiments et travaux publics reconnait que ces eaux nauséabondes présentent un danger sanitaire pour la communauté. Pour lui, « la première possibilité de soulager la peine des habitants est de construire des caniveaux souterrains ou de mettre en place une fosse septique qui doit contenir les matières fécales devant être vidées régulièrement ».
L’ingénieur Samuel note aussi que l’endroit où se situe la prison n’est pas approprié puisqu’elle se trouve au milieu de la communauté. « L’obtention d’un espace spacieux permettrait aux responsables de la prison de construire des toilettes qui respectent les normes de construction », fait remarquer ce ressortissant de l’Institut des bâtiments et travaux publics (IBTP) Butembo.
En effet, à part ce phénomène qui expose les habitants tout autour de la prison de Kakwangura, les conditions de vie à l’intérieur de cette maison carcérale laissent à désirer. Chaque mois enregistre des nouvelles morts suite aux conditions sociales déplorables. Au début de ce mois de janvier 2025, les responsables de cette geôle ont lancé l’identification des prisonniers éligibles à la grâce présidentielle.
Visesa Louangel