En deux jours la semaine dernière, le président Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame se sont vus à deux reprises. La première fois c’était à Rubavu au Rwanda le 25 juin où on a vu les deux chefs d’Etats marcher côte à côte comme des tourtereaux, visitant des fissures causées par la dernière éruption du volcan Nyiragongo sur une route. Et la seconde fois c’était le jour suivant à Goma où Paul Kagame a retourné l’ascenseur à son homologue, en visitant ensemble les dégâts de l’éruption du Nyiragongo sur la route de Kibati.
A l’issu de cette visite, Félix Tshisekedi et Paul Kagame ont assisté, toujours à Goma, à la signature de trois accords bilatéraux entre leurs deux gouvernements respectifs. Toutes ces images n’ont pas plu aux durs à cuire congolais qui n’ont pas hésité de traiter le président de la République de collabo, traitre ou d’être utilisé par Paul Kagame pour mettre la main basse sur les minerais de la partie Est du Congo.
Mais il y a un autre son de cloche, une autre opinion qui pense que ce rapprochement sécuritaire et économique opté par Félix Tshisekedi serait la mieux payante au lieu que les deux pays s’enlisent dans une guéguerre interminable. C’est le cas de l’analyste politique Thierry Monsenepwo.
« Ramener un adversaire dans un même projet que soi-même tout en veillant sur les conditions du deal, est plus efficace que de continuer à se regarder en chiens de faïence comme l’a si bien dit le Chef de l’Etat congolais. Cette stratégie souvent fait de votre adversaire d’hier, votre compagnon et mieux, votre défenseur. Car rien n’unit au mieux les humains que leurs intérêts convergents », dit-il dans une tribune publiée ce lundi 28 juin.
Pour ce proche de Lambert Mende, l’approche choisie par Félix Tshisekedi avec le Rwanda devrait s’étendre sur les huit autres pays voisins de la RDC dans le cadre des partenariats gagnant.
« A mon humble avis, cette stratégie doit être portée dans les relations avec nos autres 8 voisins pour que nous nous assurions une paix durable. Nous ne devons pas oublier que notre pays regorge des potentialités énormes, que nos voisins pour la plupart n’ont pas. Leur faire partager ces richesses dans des partenariats gagnant gagnant est plus efficace que de continuer à crier chaque jour au voleur alors que nous-mêmes, sommes toujours en train de retarder la transformation de ces richesses potentielles en vraies richesses », suggère-t-il.
Pour étayer son argumentaire, Thierry Munsenepwo fait allusion à la situation de l’Europe après la guerre de 1945. Malgré que l’Allemagne avait pratiquement détruit l’Europe, les autres pays ne l’avaient isolée après la chute du régime nazi. Aujourd’hui la même Allemagne est devenue la locomotive économique de l’Europe.
« Aujourd’hui l’Allemagne qui a détruit l’Europe entre 1940 et 45 est devenue moteur économique de ce vieux continent. Si les autres nations de l’Europe l’avaient traitée selon qu’elle a été une nation destructrice, ils n’auraient pas ensemble construit cette Europe forte que nous connaissons. Casser les murs pour construire des ponts est la meilleure stratégie, mais qui doit, il faut l’admettre, reposer sur la sincérité. Et c’est ce que les congolais attendent de son voisin rwandais mais aussi de ses 8 autres voisins », explique ce cadre du parti politique CCU de Lambert Mende.
Et de conclure « faire d’un adversaire d’hier un partenaire de développement aujourd’hui est une haute stratégie de convergence vers une paix durable ».
Il sied de préciser que, depuis que Félix Tshisekedi a accédé à la magistrature suprême, les deux chefs d’Etats étrangers qu’il a le plus renoncontrés sont Paul Kagame du Rwanda et Sassou Ngwesso du Congo Brazzaville. Plusieurs de ces rencontres se sont passées dans le cadre des relations bilatérales et d’autres à l’occasion des sommets internationaux à Paris, Addis-Abeba et même à New-York.
Bienfait Luganywa