Crise dans l’Est : « L’accord entre la RDC et le Rwanda est d’abord politique et sécuritaire » (Thérèse Kayikwamba)

Lors d’un briefing spécial organisé au studio Maman Angebi de la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), la ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de la Francophonie, Thérèse Kayikwamba Wagner, est revenue en détail sur l’Accord de paix historique signé le 27 juin dernier à Washington DC entre la République démocratique du Congo et le Rwanda.

Accompagnée du ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, elle a clarifié la nature politique et sécuritaire de ce texte et insisté sur les étapes concrètes à venir pour la paix durable dans l’Est du pays.

Dès l’entame de son intervention, la cheffe de la diplomatie congolaise a tenu à dissiper toute confusion.

« Cet accord n’est ni un traité économique entre la RDC et les États-Unis, ni un accord commercial bilatéral entre la RDC et le Rwanda. Il s’agit tout d’abord d’un accord politique et sécuritaire », a-t-elle martelé.

L’objectif principal vise la cessation immédiate des hostilités, le retrait des troupes étrangères, la fin du soutien aux groupes armés, dont le redouté M23, ainsi que la neutralisation des menaces résiduelles qui continuent d’endeuiller l’Est congolais.

Face aux nombreuses ambiguïtés qui circulent, notamment autour du désarmement, la ministre a distingué clairement deux volets essentiels.

« Il est très important de lever immédiatement une confusion que certains discours entretiennent de manière délibérée : le désengagement des groupes armés nationaux ne se situe pas dans le même chapitre que le retrait des forces étrangères. »

Le troisième chapitre du processus de paix porte précisément sur le désarmement, la démobilisation et le cantonnement des groupes armés opérant sur le sol national.

Kayikwamba Wagner a rappelé que tous les groupes armés congolais doivent être désarmés sans délai, selon le Plan de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion communautaire et Stabilisation (PDDRCS), cadre opérationnel adopté pour ce processus. En rupture avec les pratiques du passé, elle a rejeté la logique d’intégration automatique des ex-combattants dans les Forces armées congolaises.

« Toute personne issue d’un groupe armé souhaitant rejoindre les forces républicaines devra répondre à des critères stricts : nationalité congolaise, absence d’implication dans des crimes graves, et conformité aux exigences légales », a-t-elle insisté.

Cette approche individualisée vise à garantir la qualité et la loyauté des recrues, tout en évitant de réintroduire l’instabilité qui a trop souvent caractérisé les processus de brassage et de mixage précédents.

Sur le volet humanitaire, la ministre a mis l’accent sur le cinquième chapitre de l’accord qui traite du retour volontaire et sécurisé des réfugiés congolais encore à l’étranger.

« Il est question d’ancrer cette démarche dans un mécanisme de coordination tripartite entre la RDC, le Rwanda et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), afin de garantir une planification rigoureuse, un accompagnement complet et un suivi régulier », a-t-elle expliqué.

Mme Kayikwamba a insisté sur la rigueur du processus : seuls les réfugiés enregistrés, identifiés comme citoyens congolais et désireux de rentrer volontairement seront concernés.

« Il ne s’agit pas d’implantation ou de déplacement massif non contrôlé. Chaque bénéficiaire est connu, fiché, et son retour sera facilité avec les autorités locales », a-t-elle précisé.

Le gouvernement congolais, en collaboration avec ses partenaires internationaux, œuvre à créer les conditions propices au retour, notamment à travers la mise en place de services de base, de sécurité, et d’un accompagnement psychosocial pour faciliter la réintégration.

L’accord signé à Washington, sous l’égide des États-Unis, représente un moment historique après des décennies de conflit dans l’Est de la RDC. Si le ministre rwandais a souligné l’engagement de Kigali à mettre fin au soutien aux groupes armés et à lever certaines mesures défensives, la ministre congolaise a rappelé que « cet accord n’est que le début, pas la fin ».

Le président américain Donald Trump, saluant la signature, a souligné l’importance de cet accord pour une paix durable. Mais la ministre Kayikwamba a aussi appelé à la vigilance et à la rigueur dans la mise en œuvre .

« Il ne s’agit pas d’un recyclage de l’instabilité, mais d’un engagement clair pour la paix durable, fondé sur la transparence, la responsabilité et la justice. », a-t-elle conclu.

CTMAMPUYA

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