Les ministres congolais des Mines, Kizito Pakabomba, et de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, ont levé le voile sur l’ampleur du pillage des ressources minières de la République Démocratique du Congo (RDC) par le Rwanda. Ils l’ont fait savoir au cours d’échange avec les journalistes, le mardi 18 février, à la RTNC.
Selon les autorités congolaises, cette exploitation illégale constitue le moteur principal de la guerre d’agression menée par Kigali à l’Est du pays.
Le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, a révélé des statistiques édifiantes : les exportations de l’or du Rwanda ont quadruplé en deux ans, passant de 500 millions USD en 2022, à plus de 2 milliards USD en 2024. Il affirme que cette envolée spectaculaire est directement liée au pillage des minerais congolais, notamment l’or et le coltan, extraits illégalement des territoires occupés par les rebelles du M23.
« Une fois notre système de traçabilité mis en place et que nous assurerons nous-mêmes la livraison aux pays utilisateurs finaux, ces 2 milliards d’exportation d’or ne rentreront plus dans les comptes du Rwanda », a déclaré Kizito Pakabomba.
Le ministre a également dénoncé l’exploitation illégale de 800 kilos d’or par jour par le Rwanda, un chiffre qui illustre l’ampleur de ce trafic illicite.
Depuis plusieurs années, Kigali soutient activement les terroristes du M23 afin de garantir l’accès aux minerais stratégiques de la RDC. L’offensive militaire rwandaise s’est intensifiée ces derniers mois, avec la prise de Goma, il y a trois semaines, suivie de celle de Bukavu dimanche dernier.
Ces combats meurtriers ont déjà coûté la vie à plus de 3 000 personnes et déplacé des milliers de civils, plongeant la région dans une crise humanitaire sans précédent.
« Pour la survie de son régime, le Rwanda se met à piller et à tuer nos populations. Kigali mène cette guerre parce qu’il vit du pillage systématique des ressources minières de notre pays. », a déclaré Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, qui ne mâche pas ses mots.
« Nos populations sont meurtries, nos femmes sont violées, des enfants sont abattus. Cette guerre n’est pas menée contre le président Tshisekedi, mais contre tous les Congolais. », a renchéri le ministre des Mines de son côté.
Kizito Pakabomba a également détaillé les circuits clandestins utilisés pour l’exportation des minerais congolais vers le Rwanda. Selon lui, les filières d’exportation illégale du coltan, autrefois via Bunagana, passent désormais par Kibumba, une pratique déjà signalée par les experts des Nations unies dans plusieurs rapports.
« Toute l’exploitation artisanale n’est pas comptabilisée en RDC car elle est évacuée vers le Rwanda. Nous mettons en place des mesures strictes pour garantir une exploitation responsable et durable », a-t-il affirmé.
Le gouvernement congolais entend lutter contre cette guerre d’agression sur plusieurs fronts : militaire, diplomatique, judiciaire, économique et médiatique.
« Depuis 30 ans, le Rwanda a bâti son économie sur le dos de la RDC, sur le vol de ce qui devrait servir à construire des écoles, des hôpitaux et des routes pour nos enfants. Nous ne laisserons plus faire. », insiste Patrick Muyaya.
Face à cette situation critique, les autorités congolaises appellent à l’unité nationale pour préserver les ressources du pays et mettre fin à l’exploitation illégale des minerais congolais.
CTMAMPUYA