Au moins huit cents (800) otages des combattants des Forces Démocratiques Alliées (ADF) ont été libérés par les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) appuyées par les Forces de Défense du Peuple Ougandais (UPDF), dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, au Nord-Est de la RD Congo.
Parmi ces désormais ex-otages, les uns sont traumatisés, stigmatisés, et les autres, essentiellement des femmes avaient été « abusées sexuellement » par les assaillants en brousse. Maître Pépin Kavotha, Président de la Coordination urbaine de la Société civile de Beni, l’a fait savoir dans un entretien accordé à Yabisonews.cd.
« On est dans les huit cents (800) ex-otages qui ne sont pas seulement dans la ville de Beni. Ils sont dans les différentes entités, dont Goma (Nord-Kivu, ndlr) Bunia (Ituri, ndlr) et ailleurs. J’ai des exemples des personnes qui étaient stigmatisées. En arrivant dans leurs familles, elles étaient venues avec des grossesses et des enfants. On leur avait demandé de faire retourner ces enfants là où il y a leurs pères. Ça c’est une grande stigmatisation », a-t-il déploré.
Cet acteur des forces vives plaide ainsi pour la prise en charge de ces personnes par les autorités compétentes. Il demande aussi à la communauté de bien vouloir accepter ces anciens otages, dont quelques-uns avaient été enrôlés de force au sein du groupe armé ADF.
Au moins trente-sept (37) personnes, ex-otages de ADF ont regagné leurs familles, jeudi 16 janvier 2025, en ville et territoire de Beni. Ces personnes qui ont passé plusieurs jours en brousse aux côtés des combattants des Forces Démocratiques Alliées (ADF), le groupe armé d’origine ougandaise revendiquant son allégeance à l’État islamique Daesh.
Parmi ces personnes, nous avons rencontré l’une d’entre elles. Il s’agit de Kathungu, un nom d’emprunt. Mère de quatre (4) enfants, elle a passé trois (3) ans en brousse aux côtés des ADF avec ses enfants. Ils avaient été enlevés en secteur de Ruwenzori, lors d’une incursion des ADF qui ont tué son mari.
Quelques mois plus tard, son fils a également été tué en brousse avant qu’elle ne soit séparée des autres. Elle est revenue l’année passée et elle vit bien avec sa famille. Malgré le faible pouvoir de revenu pour la famille, sa joie est fe retrouver ses proches, notamment sa soeur, chez laquelle elle vit aujourd’hui, après plusieurs mois de séparation. Elle vend du thé et le beignet chaque matin, pour sa survie et celle de sa famille.
« J’ai accompli trois (3) ans en brousse dans une vie pénible. On dormait même sept (7) jours sans manger en buvant seulement de l’eau. Il arrivait des fois où manquait même de l’eau à boire. Des affrontements réguliers et marcher jours et nuits. Nous avions profité de nous enfuir pendant le voyage. J’étais bien accueillie en famille et je trouve une grande différence par rapport à la vie que je menais en brousse. Même si la famille a aujourd’hui un faible pouvoir de revenu, je me sens heureuse et remercie Dieu de vivre avec elle », a-t-elle raconté.
Il n’y a pas que Kathungu. Plusieurs centaines de personnes jadis associées aux ADF ont été réinsérés dans la communauté. Le mois de décembre 2024, la Fondation américaine Bridge Way, spécialisée dans les renseignements contre ce groupe armé, a révélé avoir réinséré plus de sept cent quatre-vingt-deux (782) ex-otages et rendus des ADF dans la zone.
D’après Jérémie Katondolo, son responsable en RDC, c’est grâce à des séances de sensibilisation à la reddition des combattants et des opérations militaires des armées congolaise et ougandaise menées dans la zone depuis plus de deux (2) ans.
Les armées congolaise et ougandaise mènent conjointement des opérations contre les combattants ADF au Nord-Kivu et en Ituri. Selon les deux (2) armées et le groupe d’experts des Nations-Unies, ces opérations ont permis de détruire plusieurs bastions stratégiques des ADF, la capture ou la neutralisation de plusieurs de leurs commandants.
Fabrice Ngima