A Mambasa, dans la province de l’Ituri, les présumés terroristes d’Allied democratic forces (ADF) conditionnent désormais l’accès aux champs par le payement mensuel de 10 dollars. La Convention pour le respect des droits humains (CRDH) Mambasa, que nous avons interrogée jeudi 10 avril dernier, parle déjà de plusieurs agriculteurs qui commencent à quitter la région par crainte. L’armée encourage la dénonciation.
L’organisation de défense des droits humains note que les présumés ADF ont fixé leur jeton à 10 dollars américains le mois, par agriculteur. L’équipe de monitoring de la CRDH mentionne que ces terroristes ont même intensifié les séances de sensibilisation pour atteindre leur objectif.
« Mardi dernier (Le 08 avril 2025), ces présumés ADF ont tenu un meeting au niveau de Ndioka, mais aussi Kadika. Ces derniers sont venus sensibiliser la population de la place, surtout les agriculteurs, au paiement des jetons mensuels de 10 dollars … Nous sommes vraiment en train de regretter, de pleurer parce que cela cause déjà une terreur dans les rangs de la population. Certains commencent déjà à quitter la zone par craintes », alerte le secrétaire de la CRDH.
Terreur
L’information est difficilement digérée par les paysans et agriculteurs de la région. Nombreux ne savent plus à quel Saint se vouer, ce moment que les champs sont même déjà incapables de produire 10 dollars.
« Depuis longtemps, nos champs ont connu des problèmes puisque on n’y accédait plus suite à la guerre. C’est seulement actuellement qu’on commence à y retourner, et ce moment qu’on veut se réinstaller, maintenant on nous demande de payer encore 10 dollars alors que le peu que nous y enlevons actuellement ne suffit même pas pour contenir nos besoins en nourriture dans nos familles », se désole Kambale Kitakya qui cultive et vend le manioc.
A ce niveau, la CRDH-Mambasa plaide pour l’intervention urgente des autorités militaires pour préserver la population. « C’est une alerte que nous faisons. Parce que nous craignons vraiment des répercussions. Le jour où la population manquera, par exemple, les moyens pour payer ces jetons, qu’est-ce qui arrivera ? Raison pour laquelle, nous lançons vraiment un cri d’alarme aux autorités de pouvoir mettre fin à cette situation, de traquer ces ennemis qui veulent mettre la population sous une colonisation inouïe » plaide la CRDH.
Dénoncez
Dans ces conditions, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) comptent sur la détermination de chacun pour foutre hors d’état de nuire l’ennemi ADF. Elles invitent la population au calme et à la confiance aux actions des forces loyalistes.
« Nous appelons cette population à croire aux actions des FARDC et à privilégier la cohabitation pacifique, et surtout à dénoncer lorsqu’il y a un cas suspect. N’hésitez pas de dénoncer pour que nous puissions agir de manière prompte et efficace comme nous l’avons toujours fait en territoire de Djuga, Irumu, Mambasa et partout où la sécurité de notre population était menacée », conseille le porte parole de l’armée en Ituri, le lieutenant Jules Ngongo.
Jadis connu pour les massacres dans la région, l’ADF a presque disparu avec l’arrivée des militaires de l’armée Ougandaise en appui aux Forces armées de la République démocratique du Congo. Aujourd’hui signalé dans plusieurs villages des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, l’égorgeur aurait un plan de pérenniser son action, usant ainsi d’un nouveau mode opératoire qu’est l’imposition de ce jeton, pensent plusieurs analystes.
Visesa Louangel