Lubumbashi : 15 ans après sa construction, le marché Lumumba boudé par les vendeurs

15 ans après sa construction, le Marché Lumumba, communément appelé Marché Kigoma, situé dans la commune de Kampemba, peine toujours à accueillir les commerçants pour lesquels il a été construit. Conçu pour recevoir plus de 300 vendeurs, il en accueille actuellement seulement 7.

Mujinga Anto, vendeuse au sein du marché depuis 10 ans, explique la difficulté de générer des revenus malgré le paiement régulier des taxes à l’État. Elle appelle les autorités urbaines à agir pour contraindre les vendeurs installés sur l’avenue de la Ruashi à intégrer le marché.

« Nous sommes ici depuis 10 ans, nous payons nos taxes, mais nous avons du mal à gagner notre vie. L’État doit imposer aux commerçants de la Ruashi d’intégrer le marché, qui est pourtant un bel espace. Nous avons même participé à plusieurs activités officielles parce que c’est un marché qui est reconnu même au gouvernorat, mais cela ne change rien à la situation », confie-t-elle à Yabisonews.cd.

D’autres commerçants dénoncent des conditions défavorables, notamment des taxes jugées excessives et une localisation jugée inappropriée. Certains affirment même que le marché aurait été construit de manière illégale, ce qui dissuaderait clients et vendeurs. D’autres évoquent des rumeurs de malédictions liées à des pratiques mystiques supposées.

Nathalie Nkulu, vendeuse de tomates, estime que les clients n’ont aucun intérêt à entrer dans le marché lorsqu’ils trouvent déjà ce dont ils ont besoin sur l’avenue de la Ruashi.

« Si quelqu’un cherche des tomates et les trouve dehors, pourquoi entrerait-il dans le marché pour m’acheter ? L’État doit rétablir l’ordre », déplore-t-elle.

Kabibi Mbutu, vendeuse ambulante, refuse de revenir au marché en raison de son manque de visibilité et de la présence de boutiques et terrasses obstruant son accès.

« J’ai quitté le marché il y a trois ans. Les clients ne nous trouvaient pas. Ici, sur l’avenue de la Ruashi, nous avons plus de visibilité », affirme-t-elle. « C’est un marché qui n’est pas bien construit, il est mal placé et je ne peux pas vendre dans un marché où chaque nuit ça devient un hôtel des homosexuels. »

Joint par téléphone par Yabisonews.cd, Jacques Six, cadre de la société civile, estime que la situation est avant tout un problème administratif et politique.

« Si le bourgmestre décidait que ces vendeurs rentrent au marché, ils le feraient. Mais nos nombreuses démarches auprès des autorités communales sont restées sans suite », confie-t-il à Yabisonews.cd.

Freddy Monga, secrétaire administratif du marché, rappelle que des actions ont été menées en 2020 pour contraindre les vendeurs à réintégrer le marché, mais sans succès.

« La vraie identité de ce quartier, c’est le marché Lumumba, couramment appelé le marché Kigoma. C’est un marché qui a plus de 30 ans mais reconnu officiellement lorsqu’il a été inauguré par l’ancien Gouverneur Moïse Katumbi. Les vendeurs de ce marché ont déjà eu à participer à des cérémonies officielles, ce n’est pas un marché à présenter, et ceux qui vendent sur l’avenue de la Ruashi étaient autrefois au marché. Les autorités communales nous ont assuré qu’une solution serait trouvée », précise-t-il.

Un marché entaché par des accusations d’insécurité et de pratiques douteuses

Céleste Mumba, cheffe adjointe du quartier Kigoma, s’étant confiée à Yabisonews.cd, révèle que certains marchands ambulants refusent de s’installer dans un marché où, selon eux, des pratiques illicites avaient lieu la nuit.

« Avant, des actes d’homosexualité se pratiquaient chaque nuit dans ce marché. Le bourgmestre a pris des mesures pour les éradiquer, mais le marché reste enclavé et invisible. Nous avons plaidé pour la démolition des boutiques et terrasses qui le bloquent. Une fois cela fait, les vendeurs pourront y retourner », explique-t-elle.

Cedrick Katay Kalombo

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