La campagne de vaccination contre la fièvre jaune se poursuit, mais la méfiance des habitants reste le principal obstacle à sa réussite. Bien que le vaccin soit disponible pour les personnes âgées de 9 mois à 60 ans, le taux de participation demeure faible.
« Je ne peux pas envoyer mes enfants se faire vacciner, car je n’ai pas encore toutes les informations nécessaires. Les campagnes précédentes ont toujours été accompagnées de sensibilisation par les autorités, mais cette fois-ci, je reste hésitant », explique Stéphane Mbuyi, père de cinq enfants.
Les autorités sanitaires pointent du doigt la circulation de rumeurs sur les réseaux sociaux, mettant en doute la sécurité du vaccin. Le personnel de santé, déterminé à rassurer la population, insiste : « Ce vaccin est sûr » et encourage chacun à se rendre dans les sites de vaccination.
Depuis le lancement de la campagne, le 11 octobre, les sites de vaccination ouvrent dès 8 h, mais l’affluence reste limitée. Au centre de santé Karibu, dans la zone de santé de Tshamilemba, les équipes sont prêtes : doses conservées dans des boîtes isothermiques, seringues disposées et cartes de vaccination préparées. Une affiche en kiswahili rappelle : « Kampuni ya chango ya kukingwa wote kwa ungodwa wa manjano au fièvre jaune », invitant chacun à se protéger contre la maladie. Pourtant, à l’heure de notre visite, aucun habitant ne s’était présenté.
Selon Marie Tshibangu, infirmière vaccinatrice : « Les habitants hésitent surtout à cause de la méfiance et des rumeurs. Le premier jour, les gens étaient nombreux, mais ensuite ils viennent au compte-gouttes. Nous recevons surtout des enfants ; les adultes restent sceptiques. » Pour toucher davantage de monde, le site a été déplacé dans une école primaire du quartier. Certains élèves se préparent à se faire vacciner, tandis que d’autres refusent catégoriquement, suivant la décision de leurs parents. « Mes parents ont refusé que l’on me vaccine », confie un élève de 4ᵉ primaire.
La désinformation reste le principal frein. Devant une boutique, un groupe de jeunes exprime ses craintes : « Ce vaccin, comme tout autre vaccin, n’est là que pour nuire à la santé. On nous a avertis que c’est pour rendre les gens stériles ou provoquer d’autres maladies », affirme Marc Luyeye, 30 ans.
Les mobilisateurs communautaires, tels que Claudine Mbaya, continuent de convaincre les habitants : « Notre travail est de mobiliser et de rassurer les habitants afin qu’ils acceptent la vaccination, car c’est pour leur bien. »
La campagne se poursuivra pendant une semaine à Lubumbashi, selon une source du ministère provincial de la Santé. Le gouvernement provincial n’a toutefois pas encore débloqué de fonds pour renforcer la communication et contrer ces rumeurs.
Patrick Kasongo



