Lubumbashi: Les petites coupures du franc congolais en sursis dans les échanges commerciaux

Depuis plusieurs semaines, une situation alarmante perturbe les échanges commerciaux dans la ville de Lubumbashi, chef-lieu du Haut-Katanga. Les petites coupures du franc congolais, notamment les billets de 50, 100 et 200 FC, sont de plus en plus refusées par les commerçants dans différents secteurs, qu’il s’agisse des marchés, d’épiceries ou de petits commerces. Ce rejet massif de ces coupures a généré un malaise chez les consommateurs et a engendré un débat sur l’avenir de ces billets à faible valeur.

Les commerçants, confrontés à une inflation galopante et une perte de valeur constante de la monnaie locale, soulignent que ces petites coupures ne sont plus adaptées aux réalités économiques du pays. Dans les marchés de Lubumbashi, le constat est clair : les billets de 50 et 100 FC ont perdu leur utilité. Ces montants ne permettent plus de réaliser des achats significatifs. Un vendeur du marché Mzee Kabila affirme : « Avec 50 ou 100 FC, on ne peut même plus acheter un bonbon ».

En outre, la détérioration de ces coupures en raison de l’usure fait que certains commerçants refusent même d’accepter ces billets, arguant qu’ils ne peuvent pas les écouler auprès de leurs fournisseurs. Cela crée une spirale de rejet, où les petites coupures deviennent quasiment inutilisables.

Du côté des consommateurs, notamment ceux issus des ménages à revenus modestes, la situation devient de plus en plus intenable. Beaucoup déplorent le fait que leur argent, issu du travail quotidien, leur soit refusé. Une habitante du quartier Industriel, visiblement agacée, déclare : « C’est notre argent ! Pourquoi devrions-nous nous battre pour l’utiliser ? ».

Cette colère s’intensifie au fur et à mesure que les petites coupures deviennent de plus en plus rares en circulation et que leur rejet se généralise dans les commerces.

L’impact sur l’économie locale et les solutions envisagées

L’impact de cette situation se fait ressentir à plusieurs niveaux. Les petites entreprises sont les premières touchées, ne pouvant plus compter sur ces coupures pour leurs transactions quotidiennes. Une solution s’impose donc pour éviter que cette situation ne dégénère davantage.

Des voix s’élèvent pour appeler à une intervention rapide de la Banque Centrale du Congo (BCC), qui pourrait prendre des mesures pour réguler la circulation des petites coupures. À ce jour, la BCC n’a pas encore fait de déclaration officielle sur ce sujet, mais plusieurs analystes estiment que deux scénarios sont envisageables :

1. Une campagne de sensibilisation où les autorités pourraient inciter les commerçants à accepter les petites coupures en expliquant leur rôle dans l’économie locale et en promouvant leur circulation comme un moyen d’assurer l’inclusivité financière.

2. Un retrait progressif des petites coupures, option qui consisterait à retirer ces billets de faible valeur et à favoriser la circulation de coupures plus élevées, plus adaptées à la réalité économique actuelle.

Contacté par Yabisonews.cd, Olivier Kinana, assistant à la faculté de l’économie de l’université de Lubumbashi estime que la rareté des petites coupures à Lubumbashi, comme dans d’autres régions de la République démocratique du Congo particulièrement peut être expliquée par plusieurs facteurs économiques et monétaires,
Soit par Les problèmes de liquidité et de production monétaire. La Banque centrale du Congo (BCC) rencontre souvent des difficultés pour répondre à la demande de billets de faible coupure. Cela est dû à une capacité limitée de production monétaire et des défis logistiques dans la distribution de ces billets, notamment dans des zones comme Lubumbashi. La forte demande pour la petite coupure (billets de 1 000, 500 et 200 FC) ne peut pas toujours être satisfaite par la BCC, ce qui crée une pénurie.

Inflation et dévaluation

La dévaluation continue du franc congolais et l’inflation élevée diminuent la valeur réelle des petites coupures, ce qui incite les consommateurs et les commerçants à préférer les coupures plus grandes, comme celles de 5 000 ou 10 000 FC. Cela diminue la circulation des petites coupures. Parfois, la gestion inefficace de la monnaie par les institutions financières et les commerçants accentue la pénurie de petites coupures. Les commerçants préfèrent accumuler les grandes coupures, ce qui aggrave la situation en rendant les petites coupures moins disponibles dans les circuits économiques.

Comportements de stockage et spéculation

Les acteurs économiques, notamment dans les secteurs informels, ont tendance à stocker de l’argent en grande coupure pour éviter les pertes dues à la dévaluation. Cela réduit encore plus la disponibilité des petites coupures dans l’économie locale.

Les commerçants de Lubumbashi, tout en étant conscients de l’importance des petites coupures dans l’économie locale, insistent sur la nécessité d’un ajustement de la monnaie afin d’éviter toute rupture dans la fluidité des échanges commerciaux. De leur côté, les consommateurs espèrent une solution rapide qui leur permettrait de continuer à utiliser leur argent sans embûches.

 

Cedrick Katay Kalombo

Partager

Social Media Auto Publish Powered By : XYZScripts.com