Lubumbashi : Phénomène « 40.000 gangs », 5 ans de terreur et de défi à l’État

Depuis cinq ans, les quartiers de Kigoma, Kabetsha, Congo et Hewa Bora situés dans la commune de Kampemba, vivent sous la coupe d’un phénomène criminel inquiétant : les « 40.000 gangs ». Ces groupes de jeunes délinquants sèment la terreur, entre agressions, vols, viols, extorsions et violences urbaines, au vu et au su de tous.

Si les autorités tardent à reprendre le contrôle, les témoignages des victimes, des chefs de quartiers et des services de sécurité révèlent une réalité alarmante, où l’État semble peu à peu perdre son autorité.

Des victimes en détresse

Mutala Jean, habitant de Kigoma, se souvient de la violence dont il a été victime :

« En 2023, lors de la fête du Nouvel An, j’ai été tabassé jusqu’à mort. Et nous vivons avec eux, nous les voyons quand ils font leurs réunions de l’Unafec », a-t-il confié à Yabisonews.cd.

Delphin Yanga, commerçant, témoigne aussi son calvaire :
« J’ai perdu mes marchandises. Lorsqu’ils revenaient de leur parade à la commune Kenya, s’ils rentraient, c’était pour tout saccager », a-t-il déclaré.

Des quartiers livrés à eux-mêmes

Le chef de quartier de Kabetsha, Kyungu Pierre, n’hésite plus à en nommer les responsables :
« Ils sont connus de tous, ce n’est plus à cacher. La plupart de ces gangs sont d’un parti politique : l’Unafec. Je ne généralise pas, parce que l’Unafec a aussi des jeunes responsables qui sont toujours prêts à mettre la main sur ces gangs. Mais oui, ils sont de l’Unafec », a-t-il déclaré à Yabisonews.cd.

Même crainte du côté de Céleste Mumba, cheffe adjointe du quartier Kigoma :
« Moi, l’autorité locale, j’ai parfois peur de marcher dans leur quartier général. Ils peuvent m’agresser. J’ai été victime plusieurs fois. Ce sont des jeunes de l’Unafec », a-t-elle déclaré.

Les services de sécurité sur la sellette

Face à cette menace persistante, les services de renseignement avouent leur impuissance. Jeanot Musampa, agent de l’ANR opérant en collaboration avec le commissariat de Kigoma, révèle :
« Nos renseignements nous ont toujours montré qu’il s’agit de gangs issus de ce parti politique. Je ne peux pas le cacher, car nous recevons des plaintes chaque semaine », a-t-il reconnu.

Le commandant de la police de Kigoma, Wembanyama Augustin, tire aussi la sonnette d’alarme :
« Ces gangs sont de l’Unafec. J’ai toujours reçu plusieurs cas : vols, agressions sexuelles. Récemment, il y a une semaine, nous avons retrouvé le corps d’une jeune fille jetée dans un puits après 10 jours. Selon les enquêtes, elle aurait été violée, puis tabassée car elle essayait de résister. Je confirme que ce phénomène dure depuis 5 ans et touche plusieurs quartiers environnants, dont Kabetsha, Congo, Hewa Bora », a-t-il affirmé.

L’Unafec tente de se défendre

Face à ces accusations persistantes, Junior Buffle, responsable de la brigade Nidja de l’Unafec à Kigoma, se défend :
« Plusieurs accusations détruisent l’image de notre parti politique. Je demande à la population qui a des preuves que ces jeunes sont de l’Unafec de venir. Nous allons les suspendre. Aujourd’hui, notre parti est infiltré. Plusieurs jeunes dérangent la population derrière le dos de l’Unafec. Nous avons toujours accompagné le commandant lorsqu’il y a des cas suspects », a-t-il déclaré à Yabisonews.cd.

 

Cedrick Katay Kalombo

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