Nord-Kivu : Des dizaines d’hippopotames frappés par « l’épizootie » sur les eaux du Lac Edouard

Elles sont plus d’une dizaine, ces carcasses d’hippopotames retrouvées flottant sur les eaux du Lac Édouard, à hauteur de Lulimbi dans le parc national des Virunga au Nord-Kivu. Les premières découvertes remontent à la fin du mois de mars 2025. L’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) rassure que les dispositions ont été prises pour briser la chaine de contamination animale.

A en croire les services sanitaires de l’ICCN, les premiers indices cliniques et les analyses préliminaires réalisées sur les carcasses orientent vers une épizootie bactérienne possiblement liée à l’anthrax ou charbon bactérien. « La maladie est connue pour sa létalité chez les herbivores y compris les hippopotames », note Méthode Uhoze, chargé des relations publiques du Parc national des Virunga.

Notre source mentionne que jusqu’à mars dernier, une dizaine de carcasses d’hippopotames ont été enregistrés sur les eaux du Lac Édouard. « Les cas se sont étalés sur plusieurs jours depuis mars 2025 et ont augmenté », rapporte notre source.

Symptômes et transmission

Pour comprendre comment se comporte la maladie, yabisonews.cd est entré en contact avec le vétérinaire Docteur Kawa Ndaghala. Cet inspecteur urbain du service de Pêche et élevage à Butembo a tout d’abord démontré que l’épizootie est une maladie pouvant se transmettre de l’animal à l’homme. « Si elle est d’origine microbienne, elle est cosmopolite voire tellurique, vu qu’elle résiste dans le sol au-delà de 50 ans après que l’animal porteur y soit enfui », fait-il remarquer.

Docteur Kawa Ndaghala indique que dans le cas d’espèce, « la maladie découverte dans le Parc des Virunga est le Charbon bactéridien. Cette pathologie se caractérise par des lésions ou des taches noirâtres sur la peau de l’animal ou de l’homme infecté. Elle peut aussi se propager par voie orale », prévient-il.

Pour limiter la chaine de transmission de cette maladie dans les entités non touchées jusque-là, docteur Kawa Ndaghala, déconseille toute consommation de viande boucanée. Pour lui, « cette viande échappe à tout contrôle des services habilités qui doit autoriser sa consommation ». Aux côtés de cette pratique, le spécialiste invite les habitants à ne pas toucher tout animal retrouvé mort.

Dispositions prises

Pour le cas présent, une équipe conjointe de l’ICCN, des vétérinaires et des partenaires techniques a d’ores et déjà été dépêchée sur les eaux du lac Edouard pour évaluer la situation. Les premiers témoignages rapportent que l’épidémie rappelle celle déplorée en 2021 dans la même zone. A ce niveau, l’ICCN rassure que des mesures et dispositions ont été prises pour empêcher aux populations riveraines d’accéder à la viande de ces pachydermes et s’exposer à une contamination.

« La direction du parc a activé son dispositif de réponse d’urgence en collaboration avec les autorités sanitaires locales, les services vétérinaires et les chefs locaux. Parmi les mesures qui ont été prises, il y a lieu de signaler la sensibilisation intensive des communautés riveraines sur les dangers liés à la consommation des viandes d’animaux morts. Il y a également les patrouilles renforcées dans la zone touchée pour sécuriser les carcasses et empêcher tout prélèvement. Il y a également l’interdiction stricte d’accéder aux zones concernées, sauf pour les services techniques autorisées », précise l’ICCN.

Dans le parc national des Virunga, la dernière épidémie similaire remonte à 2021. Cela souligne, mentionne l’Institut congolais pour la conservation de la nature, la nécessité d’un suivi délicat et constant dans la zone humide du Parc qui est suspectée. Puisque, rappellent les responsables de cet espace national, on comptait encore environ 29 000 individus en 1974. Malheureusement, le nombre d’hippopotames a sensiblement baissé en 2024, atteignant difficilement 20 000 espèces en 2024.

Visesa Louangel

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