Les pluies du dernier trimestre de l’année 2024 ont accentué le délabrement de l’axe Lukanga-Butembo, dans la province du Nord-Kivu, jusqu’à le rendre Impraticable. La lenteur du trafic sur ce tronçon, long d’au moins 30 kilomètres, freine les denrées alimentaires sur la voie et dans les champs de production.
Les pluies qui se sont abattues dans ces régions à partir du mois de septembre 2024 ont creusé des bourbiers tout au long de cette route de desserte agricole. Ce qui complique le trafic sur cette voie.
De passage sur cette voie en direction de Lukanga, le 04 janvier dernier, le reporter de yabisonews.cd rencontre un camion de marque Fuso qui stationne du côté gauche de la voie principale, à plus de 15 kilomètres de Butembo. Le chauffeur et ses passagers viennent de Masereka, une région Maraichère qui fournit Butembo en pommes de terre et autres denrées alimentaires.
« Nous avons au total 29 sacs dans ce véhicule. Nous faisons partie d’un cortège de 6 véhicules, deux sont surement déjà à Butembo et 3 autres sont derrière nous. L’état de la route ne nous permet plus de faire le même nombre de tours entre Kipese et Butembo. Nous faisons difficilement 3 tours alors qu’avant, on pouvait même en arriver à 5 », se désole ce conducteur, fragilisé par les désolations de ses clients, passagers.
Sur la route, ce chauffeur et les agricultrices qu’elle embarque se désolent que d’importantes quantités de choux, poireaux, oignons et autres légumes soient consommées dans les milieux de productions, à bas prix, ou abandonnés dans les champs, dans certains cas.
Et les frais perçus sur la route ?
Un étudiant de l’Université de Lukanga que nous avons rencontré sur cette voir, à plus de 15 kilomètres de Butembo, s’interroge sur la destination des frais perçus par les taxateurs.
« En tout cas, ça ne marche pas. Pour quitter ici jusque Butembo ça doit durer normalement 2 heures. Mais s’il a plu, ce n’est pas moins de 4 heures. Il arrive que les autorités académiques de l’UNILUK veulent prendre en charge cette route pour l’aménager, mais les agents de la route refusent, on manque même où ils mettent l’argent qu’ils perçoivent », s’indigne Job Mwilanya.
Les autorités du groupement Bukenye, en chefferie de Baswagha dans le territoire de Lubero rassurent néanmoins que la hiérarchie est déjà saisie de cette question traduite par un calvaire imposé aux passagers. Le secrétaire administratif de cette juridiction, appelle les usagers à la patience car, selon lui, cette route sera aménagée.
« Des rapports sont déjà écrits dans ce sens. Nous pouvons maintenant espérer. La dernière fois que nous avons été dans une réunion à Lubero-centre (Chef-lieu du territoire de Lubero, Ndlr), nous avons obtenu l’assurance de la hiérarchie qui a déjà signé des partenariats pour réhabiliter les routes de dessertes agricoles. Nous avons proposé de relier Lukanga-Kimbulu dans un premier temps. Ils ont rassuré que tout comme à 2025. Nous sommes en train d’attendre », rassure Paluku Kasavo Jean-Vianney.
Les promesses ne suffisent plus !
La société civile du territoire de Lubero que nous avons contactée pour apprécier ce calvaire ne comprend pas pourquoi un axe de moins de 50 kilomètres doit faire couler ancre et salive, pour sa réhabilitation. Muhindo Tafuteni, son président, se rappelle que ce n’est pas la première fois que les autorités fassent de promesses sur la réhabilitation de cette voie, qui n’est pas à son premier forfait sur le délabrement. Ce cadre de la structure citoyenne invite les autorités à honorer leur promesse dans le cadre de cette réhabilitation.
« Nous n’accepterons pas que les productions des paysans pourrissent toujours dans leurs champs et que leur vie se détériore peu à peu suite à une sorte d’insouciance des autorités. Nous pensons que c’est très urgent de traiter cette question puisqu’au-delà de l’insécurité, il ne faut pas que la population endure aussi cette situation pendant longtemps », conseille Muhindo Tafuteni.
Tenez, l’axe Lukanga-Butembo occupe une grande partie des villages du territoire de Lubero. Ce tronçon facilite l’évacuation de plusieurs denrées alimentaires des champs vers les milieux de consommation. Cette région maraichère produit entre autres les pommes de terre, le chou, l’oignon, le poireau, le blé et autres céréales, légumes et légumineuses consommés à Butembo et puis dans plusieurs agglomérations du territoire et de la ville de Beni.
Pendant les dernières semaines du mois de décembre, par exemple, le sceau de pomme de terre a par exemple haussé, passant de 14 milles à 20 milles francs congolais au marché de Butembo. Entre autres raisons évoquées, les vendeurs parlaient du délabrement de la route.
Visesa Louangel
