Le mois d’octobre 2023 marque les 9 ans du premier massacre dans la région de Beni au Nord-Kivu. Dans le village de Mukoko qui avait connu cette tragédie, des parcelles sont déjà transformées à des champs ou cimetières après le déplacement de plus de 1000 personnes. Des anciens habitants de ce village qui y arrivent juste pour les activités champêtres.
Ce village de Mukoko est situé à près de 10 kilomètres au nord de la commune d’Oicha dans le groupement de Bambuba-Kisiki en territoire de Beni. Le chef capita de Mukoko se rappelle encore de cette tragédie comme si c’était hier. Motifa Bukawu témoigne que deux personnes avaient trouvé la mort ce jour-là.
« Cette date me rappelle plusieurs choses qui se sont passées en 2014 dans mon village de Mukoko. C’était ma toute première fois de voir une personne tuée par machette. Après avoir tué ces civils, les rebelles avaient pillé des biens dans des boutiques et emporté 20 chèvres. Ils étaient venus dans la nuit vers 22 heures», se rappelle-t-il.
Mukoko est depuis lors devenu fantôme. Des écoles, églises et structures sanitaires sont déjà envahis par la brousse. Des habitants n’y retournent que la journée pour les travaux champêtres.
« On n’avait pas résisté à ces tueries. On s’était déplacé vers Oicha. Et aujourd’hui, nous sommes des visiteurs de Mukoko, nos parcelles se sont transformées à des champs et cimetières. En-tout-cas, ce n’est plus un endroit pour vivre. Ce bâtiment servait comme église du 7e jour, on priait ici avec de nombreuses personnes qui se sont déjà déplacées vers Butembo, Oicha, et même Beni », raconte cette femme que nous avons rencontrée dans la parcelle de l’église du 7è jour transformée à champs.
D’autres entités du territoire de Beni dont la commune d’Oicha avaient été ciblées par les rebelles de l’ADF. Des morts estimés à des milliers se sont enregistrées au fil des années et d’autres personnes ont même été prises en otage.
Le premier massacre des civils à Beni a eu lieu le 15 octobre 2014. Ce jour-là, au moins 27 personnes avaient été tuées à l’arme blanche et par balles, lors d’une attaque attribuée aux rebelles ougandais des ADF au quartier Ngandi, au Nord-Est de cette ville du Nord-Kivu.
Visesa Louangel