Nord-Kivu : Plus de 800 maisons de tolérance « impliquées dans l’exploitation sexuelle » à Butembo

La ville de Butembo, dans le Nord-Kivu, regorge en elle seule, plus de 800 maisons de tolérance, communément appelés QG (Quartier général, ndlr), en fin 2024. Des enquêtes menées par Maitre Silutondwa Tsongo, un activisme des droits de l’homme, révèlent que la prolifération de ces maisons accentue l’exploitation sexuelle des jeunes filles. Le service de tourisme, qui entrevoit un danger sécuritaire et sanitaire, invite les responsables de ces maisons à abandonner cette pratique en vue d’échapper à la rigueur de la loi.

La triste réalité des maisons de tolérance touche en gros, les quartiers Vutsundo et Lumumba, puis les cellules Londo et Vichai en plein centre-ville de Butembo. Maitre Silutondwa Tsongo parle des QG comme étant ces espaces qui accueillent, en grande partie, des jeunes et mineurs. Matin, midi et soir.

« Les jeunes qui travaillent dans toutes ces maisons de tolérances, sont des filles mineures. Et plus grave encore toutes ces filles sont utilisées pour l’intérêt des responsables de ces QG. Ces maisons sont, malheureusement, reconnues par certaines autorités de la ville de Butembo. Pire encore, les responsables de ces maisons de tolérance sont protégés par ces autorités », dénonce maitre Silutondwa.

Entre autres conséquences de l’exploitation sexuelle dans les QG, notre interlocuteur cite les infections sexuellement transmissibles, la transmission du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et les grossesses indésirables.

Le commerce de la débauche, une infraction

Pour comprendre comment le droit traite les questions liées à l’exploitation sexuelle, Yabisonews.cd a rencontré, ce mercredi 05 mars, Maître Maggy Panza. Ce membre du collectif des Femmes juristes pour les droits de la femme et de l’enfant (FJDF) a alors égrainé plusieurs infractions qui se commettent autour de ce commerce de la débauche.

« Les QG entrent dans l’infraction qu’on appelle souteneur et proxénétisme. C’est une infraction punie par la loi ; une activité illicite de facilitation de la débauche d’une personne. C’est par exemple le fait d’aménager une maison pour en faire la débauche, la prostitution. Il y a aussi l’activité illicite d’exploitation de la débauche d’une personne. Une triste réalité. Ce sont les enfants de moins de 18 ans qui sont dans les QG », regrette notre interlocutrice.

Les portes de la prison ouvertes

Le service urbain Genre, Famille et Enfant que nous avons contacté, nous a référé au chef urbain du service de tourisme en ville de Butembo. Répondant à nos questions pour comprendre comment les autorités urbaines apprécient cette réalité, le chef urbain a rappelé qu’à Butembo existe des maisons reconnues comme hôtels et que c’est dans ces endroits les visiteurs sont généralement reçus. Tout en déplorant l’utilisation des mineures dans les QG, Kambasu Matembela à abandonner cette pratique en vue d’échapper à la rigueur de la loi.

« … Ces femmes qui ont des chambrettes qu’elles utilisent et qui ne sont pas connues par les services de sécurité et le nôtre. Il y a des hôtels officiellement reconnus qui reçoivent des visiteurs. Les tenanciers de Nganda, les vendeurs des boissons, les gens qui utilisent les mineures, je crois, il est grand temps de changer cette façon d’agir, cette façon de travailler… Je demande aux tenanciers de ces genres de maisons de cesser, car une fois on tombe sur eux, ils seront traduits en justice », prévient-il.

En attendant, l’ONG Point Important de l’Agriculture à Butembo, IPAB, annonce l’arrivée, d’ici avril 2025, d’une commission du ministère de la justice, devant enquêter sur la présence et les conséquences des maisons de tolérance en ville de Butembo et dans le territoire de Lubero. Ce territoire qui compte, quant à lui, 181 QG après l’enquete menée par l’activiste Maître Silutondwa Tsongo.

Visesa Louangel

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