Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a donné la position de la République Démocratique du Congo (RDC) sur le procès de l’écrivain et journaliste Charles Onana, en cours à Paris.
Lors d’un briefing presse tenu conjointement avec le vice-ministre de la Justice, le mercredi 16 octobre 2024, le ministre de la communication et des médias a déclaré que ce procès concerne également la RDC, car le pays a souffert des conséquences directes du génocide rwandais, avec des pertes humaines bien plus importantes que celles subies par le Rwanda.
« Parce que nous avons perdu beaucoup de nos compatriotes, plus que les Rwandais n’en ont perdu. Je ne voudrais pas parler des conséquences sur l’économie, le climat du fait de cette guerre… et donc, pour nous, le procès de Charles Onana, c’est aussi un peu le nôtre, parce que nous voulons savoir ce qui s’est passé et qui a commis ce crime. », a affirmé Patrick Muyaya.
Le porte-parole du gouvernement, a souligné l’importance des recherches menées par Charles Onana sur l’origine du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Ces investigations, selon lui, pourraient offrir une nouvelle perspective sur l’histoire des événements tragiques ayant conduit aux violences dans la région des Grands Lacs.
« Nous espérons que justice sera rendue et que nous comprendrons enfin les véritables raisons du déclenchement des conflits qui continuent de nous affecter. Nous avons perdu beaucoup de nos compatriotes, plus que les Rwandais », a-t-il affirmé.
Pour le gouvernement congolais, les retombées du génocide rwandais se sont traduites par des décennies de guerre et d’instabilité dans l’est du Congo.
Le procès de Charles Onana, qui s’est déroulé du 7 au 11 octobre 2024 à Paris, porte sur des thèses controversées que l’auteur a développées dans son livre “Rwanda, la vérité sur l’opération turquoise”, publié en 2019. Cet ouvrage remet en question la planification du génocide des Tutsis par le régime hutu, qualifiant cette théorie de « dogme » et d’« escroquerie du XXe siècle ».
Ces affirmations ont été considérées comme négationnistes par les parties civiles, relançant ainsi des débats sur la gestion du conflit rwandais par les puissances internationales, en particulier la France.
L’aspect historique du procès a été renforcé par la déposition de plusieurs responsables militaires français ayant participé à l’opération Turquoise, une intervention menée par la France en 1994, accusée de complicité dans le déroulement du génocide.
D’autre part, l’avocat de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), Patrick Baudouin, a dénoncé les tentatives de Charles Onana d’esquiver les véritables accusations de contestation de crime contre l’humanité, tout en exprimant sa solidarité avec les Congolais affectés par les violations des droits humains commises par le régime rwandais.
Toutefois, il a averti les soutiens congolais de ne pas se laisser « abuser » par les arguments de l’accusé, soulignant que la réalité du génocide des Tutsis est « incontestable ».
La procureure a insisté sur l’importance de rappeler à la société l’existence du génocide des Tutsis, bien que la peine éventuelle de Charles Onana reste à la discrétion de la cour.
Le verdict est attendu le 9 décembre 2024, une décision qui pourrait avoir des répercussions importantes non seulement pour la vérité historique, mais aussi pour les relations entre la RDC et le Rwanda.
C.T.MAMPUYA