L’association des anciens étudiants de l’Université de Lubumbashi, connue sous le nom de « les Kassapards », a organisé le jeudi 1er août dernier, une journée scientifique autour du thème: « quelle forme de l’État congolais 64 ans après l’indépendance ? ». Cet événement s’inscrivait dans la lignée des objectifs de l’association, visant à permettre une réflexion approfondie sur l’évolution de la marche du pays.
Thomas Luhaka a ouvert les débats en pointant du doigt deux problèmes majeurs liés à la forme actuelle de l’État congolais : l’unitarisme exacerbé et la crainte d’un fédéralisme délétère.
« Aujourd’hui nous avons deux problèmes liés à la forme de l’État : il s’agit de l’unitarisme exacerbé ou étouffé et le deuxième c’est la crainte d’un fédéralisme délétère. »
Luhaka a expliqué que, bien que la constitution répartisse clairement les compétences entre les entités provinciales et le gouvernement central, en pratique, Kinshasa maintient un contrôle strict sur les provinces. Ce contrôle se manifeste notamment par la nomination des gouverneurs et la possibilité pour le chef de l’État de les suspendre.
« La forme est là, les textes accordent des compétences aux provinces, mais politiquement, Kinshasa contrôle. C’est donc une répartition théorique, puisque dans les faits, les systèmes fonctionnent comme un État unitaire fortement centralisé. ».
Concernant le fédéralisme, Luhaka a souligné que l’absence d’un sentiment national fort pourrait poser des problèmes majeurs si cette forme d’État était adoptée.
« Quant au fédéralisme, étant donné que le sentiment national n’est pas encore très fort, cela pourrait poser des problèmes. ».
Pour Luhaka, la solution réside dans un État unitaire décentralisé où Kinshasa n’étoufferait pas les provinces. Il estime que le système actuel, s’il était appliqué correctement, pourrait convenir.
« Personnellement, je suis pour un État unitaire décentralisé, où Kinshasa n’étouffe pas les provinces. Le fédéralisme est une option, mais les mentalités doivent encore évoluer. »
Le professeur Félicien Kalala partage cette perspective, affirmant que la forme de l’État doit répondre aux besoins de la société. Il a insisté sur le fait que les défis congolais sont d’ordre matériel, politique, culturel et intercommunautaire, et que la clé réside dans la bonne application des textes existants.
« Depuis l’indépendance à nos jours, nous avons expérimenté la forme unitaire, elle a démontré ses limites et ses points forts. […] On ne peut pas parler de l’organisation administrative ou de la forme de l’État si l’État lui-même en tant que structure n’est pas bien construit et n’a pas bien fonctionné. ».
Le professeur Adolphe Lumanu a estimé que le fédéralisme devrait faire l’objet d’un grand débat afin de dégager des pistes de solutions, tout en regrettant que le niveau de réflexion de certains citoyens puisse conduire à des polémiques.
Maître Kalenga Muteba, président des anciens étudiants de l’Université de Lubumbashi, a conclu que la forme de l’État n’était pas nécessairement le problème principal, mais plutôt l’homme congolais. Il a annoncé l’organisation future d’une réflexion sur ce sujet.
« Par rapport au thème, ce que je peux dire, est que la forme de l’État est bonne, mais le problème, c’est l’homme congolais. […] Nous allons organiser une conférence pour voir quel est cet homme congolais qu’on attend pour que ce pays se développe. »
Le secrétaire général des Kassapards, Daddy Lukoki, a exprimé sa gratitude envers les panélistes pour leur contribution précieuse.
« Le message que j’ai pour la journée scientifique, c’est seulement de remercier les panélistes qui ont été à l’attente des personnes venues suivre cette journée scientifique. Donc, c’est un grand merci aux trois panélistes. ».
À l’issue des débats, les trois panelistes dont : Luhaka, Kalala et Lumanu ont reçu un brevet d’honneur remis par le nouveau et les anciens présidents de cette association.
Cette journée de réflexion a permis de poser les bases d’un débat constructif sur la forme de l’État congolais, en insistant sur la nécessité de respecter et d’appliquer les textes constitutionnels existants.
C.T. MAMPUYA