La Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) est montée au créneau ce jeudi 12 juin pour dénoncer avec fermeté les accusations « graves et infondées » portées contre elle par Jean-Pierre Bemba, Vice-Premier Ministre en charge des Transports, Voies de communication et Désenclavement.
Dans une interview accordée à la radio Top Congo, Bemba a pointé du doigt l’épiscopat catholique ainsi que certains leaders de l’opposition, les accusant de vouloir « déstabiliser les institutions » et même de « souhaiter la mort du Chef de l’État Félix Tshisekedi ».
La réponse du berger à la bergère, dans son communiqué, l’Église catholique dénonce des « inepties » émanant d’un responsable gouvernemental « qui s’est arrogé depuis les élections de 2023 le dangereux privilège de proférer, avec une légèreté déconcertante, des allégations gratuites et récurrentes à l’encontre de la CENCO ».
L’institution religieuse y voit une atteinte directe à sa mission de médiation, dans un contexte où le pays est en proie à une crise politique et sécuritaire persistante.
La CENCO s’étonne par ailleurs du silence des institutions publiques.
« Malgré la gravité des propos tenus par le Vice-Premier Ministre Bemba, aucune réaction n’a été enregistrée ni du côté de sa hiérarchie, ni du côté des institutions compétentes », regrette le texte.
L’épiscopat interpelle notamment le Procureur général près la Cour de cassation et l’Assemblée nationale, les exhortant à se saisir d’office de cette affaire « pour faire toute la lumière sur les allégations de Monsieur Bemba et en tirer les conséquences de droit ».
Tout en réaffirmant son engagement en faveur de la paix, du dialogue et de la réconciliation nationale, la CENCO se réserve le droit de recourir à la justice, « dans le souci de protéger l’opinion publique nationale et internationale contre les manipulations grossières ».
L’épiscopat va plus loin et met en garde contre le risque d’un retour aux violences du passé. « Il y a lieu de se demander si, avec ses propos, Monsieur Bemba veut ramener le pays à l’époque où il avait fait tuer des innocents à Kisangani et à Kinshasa », peut-on lire dans le communiqué, dans une allusion directe au passé militaire controversé de l’actuel VPM.
la RDC traverse une période critique, marquée par l’occupation de plusieurs territoires
L’Est du pays est sous occupation de la rébellion M23/AFC, soutenue par le Rwanda. Dans ce contexte, la CENCO, en collaboration avec l’Église du Christ au Congo (ECC), a lancé une initiative intitulée « Pacte social pour la paix ». Mais cette main tendue semble peiner à trouver écho auprès du régime de Kinshasa, qui lui préfère des médiations extérieures.
L’administration Tshisekedi considère en effet que l’Église n’a pas vocation à s’impliquer dans les questions politiques, une posture que la CENCO juge « contre-productive », estimant qu’elle ne fait que fragiliser les efforts internes pour ramener la paix.
La CENCO appelle les Congolais à « demeurer vigilants, unis, et à ne pas céder aux discours de haine ou de division », rappelant que « le bien-vivre ensemble est le socle de notre nation ».
CTMAMPUYA