Le président de la Commission nationale des droits humains en République démocratique du Congo a appelé à la mise en œuvre de mesures internationales pour lutter contre l’impunité, en faisant référence aux violations des droits humains commises par l’armée rwandaise et ses supplétifs, le M23 et l’AFC.
Invité dans une émission sur France 24, ce vendredi 18 avril, Paul Nsapu Mukulu a salué l’annonce par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d’une enquête indépendante visant à établir des responsabilités concernant les crimes génocidaires commis dans la partie orientale de la République démocratique du Congo.
« L’annonce de l’ouverture d’une commission d’enquête indépendante est un pas dans la bonne direction, mais cela ne suffit pas. En tant que défenseurs des droits de l’homme et membres de la société civile en RDC, nous demandons davantage. Ce conflit dure depuis trop longtemps, et nous avons déjà dénoncé ces faits. Nous souhaitons que des résolutions et décisions internationales soient prises pour lutter contre cette impunité », a-t-il déclaré.
Concernant les exécutions « sommaires » d’enfants à Bukavu, il a rapporté que des témoignages sur place indiquaient que ces enfants avaient été capturés et exécutés sommairement par des rebelles, après que les militaires congolais avaient abandonné leurs équipements.
« De plus, il y a un recrutement forcé d’enfants et leur disparition dans les milieux où ils vivent », a ajouté Nsapu.
Évoquant les violations des droits humains perpétrées par l’armée rwandaise, ce défenseur des droits humains a affirmé : « Quant aux violations commises par le Rwanda, oui, nous avons des preuves. Ces infiltrations ne datent pas seulement de la récente escalade du conflit, mais remontent à bien avant l’explosion des hostilités le 26 janvier. Nous avions déjà dénoncé cette présence. Après cette date, le Rwanda a carrément franchi les frontières pour attaquer la ville de Goma et ses environs. Tous les rapports que nous avons recueillis démontrent clairement que le Rwanda est impliqué dans tout ce qui se passe. »
Par ailleurs, il a souligné la continuité de la documentation de « tous ces cas de violations des droits de l’homme grâce à notre personnel sur le terrain, qui fournit des informations sur ce qui se passe réellement en République démocratique du Congo ».
Dimanche, le ministre congolais de l’Intérieur et de la Sécurité a accusé les rebelles, qui occupent Goma et Bukavu, respectivement chefs-lieux du Nord et Sud-Kivu, d’avoir mené 297 cas d’assassinats et d’exécutions sommaires, 72 cas de viols, des centaines de disparus, plus de 146 cas de tortures corporelles ainsi que plusieurs cas de pillages (plus de 2 000 vaches et des véhicules) entre le 6 et le 11 avril 2025.
Jacquemain Shabani a également accusé les rebelles d’avoir mené des incursions, des enlèvements, des pillages et des destructions de structures sanitaires dans le territoire de Walikale, notamment à l’Hôpital général de Kibua, au Centre de santé de Kibati, au Centre de santé de Kashebere, au Centre de santé de Ruvungi et au Centre de santé de Lubonga, entre le 5 et le 9 avril 2025. Il a aussi dénoncé la persistance dans la mise en place d’une administration parallèle avec la nomination de bourgmestres au Sud-Kivu et l’ouverture d’une CADECO.
Michée Efoya