Le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya , et la ministre d’État aux Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, ont tenu un briefing dimanche 15 decembre pour clarifier la position du gouvernement congolais après l’annulation du sommet tripartite de Luanda.
Ce sommet initié par Joâo Lourenço devait réunir le président Félix Tshisekedi (RDC), Paul Kagame (Rwanda) et João Lourenço (Angola) dans le cadre du processus de paix initié en 2022.
Prévue comme une rencontre décisive pour stabiliser les relations entre la RDC et le Rwanda, la réunion n’a pas eu lieu en raison de l’absence du président rwandais Paul Kagame.
« Le président Félix Tshisekedi a honoré ce rendez-vous pour témoigner de son engagement en faveur de la paix et pour respecter la médiation angolaise. Cependant, le président Kagame a refusé de participer, préférant soutenir le M23 », a expliqué Patrick Muyaya.
Pour la ministre des Affaires étrangères, la condition posée par Kigali, un dialogue direct entre le gouvernement congolais et le M23 a compromis toute avancée.
« Nous ne légitimerons jamais un groupe armé terroriste par des négociations. Ce serait trahir les Congolais victimes des exactions du M23 », a-t-elle martelé.
Thérèse Kayikwamba Wagner a rappelé les étapes clés du processus de Luanda depuis son lancement. En juillet 2024, il ya eu signature d’un cessez-le-feu entre la RDC et le Rwanda, le 5 novembre 2024, mise en place de mécanisme de vérification pour surveiller les violations du cessez-le-feu. Le 25 novembre 2024, adoption du Concept d’opérations (CONOPS), incluant deux engagements majeurs: Retrait des forces rwandaises du territoire congolais et Neutralisation des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) par la RDC.
Malgré ces avancées, les violations du cessez-le-feu ont été systématiques. « Depuis le 04 août, nous avons constaté des incursions régulières des forces rwandaises en RDC, en violation flagrante du droit international », a dénoncé la ministre d’État.
Pour le gouvernement congolais, l’attitude de Kigali illustre un soutien direct au M23, groupe armé qualifié de « terroriste » par Kinshasa. « Entre la paix et le M23, le Rwanda a choisi le M23», a affirmé Thérèse Kayikwamba Wagner.
Ce mouvement rebelle, accusé de nombreuses atrocités contre des civils, reste une ligne rouge pour la RDC. « Dialoguer avec le M23 reviendrait à légitimer leurs crimes et à nier les souffrances des populations de l’Est », a ajouté Patrick Muyaya.
Face à l’impasse, la RDC appelle la communauté internationale, et particulièrement le Conseil de sécurité des Nations unies, à agir. « Le Conseil de sécurité doit prendre ses responsabilités et sanctionner le Rwanda pour son soutien aux groupes armés », a exhorté la ministre d’État, ministre des Affaires étrangères.
Kinshasa souhaite également que la communauté internationale renforce son appui à la stabilisation de l’Est du pays, où les tensions restent vives.
Malgré l’échec du sommet, le gouvernement congolais se dit déterminé à poursuivre les efforts diplomatiques. « D’autres consultations sont prévues avec l’ONU et les diplomates accrédités en RDC pour envisager les prochaines étapes », a déclaré Patrick Muyaya.
Il a également salué le rôle des médiateurs, en particulier le président angolais João Lourenço et l’ancien président kenyan Uhuru Kenyatta. « Leur engagement reste essentiel pour parvenir à une solution durable », a-t-il souligné.
L’annulation de la tripartite de Luanda marque un sérieux revers pour le processus de paix dans la région des Grands Lacs. Cependant, Kinshasa affirme qu’elle ne reculera pas face à l’agression et aux manipulations de Kigali.
« Nous avons montré notre bonne foi. Mais le Rwanda continue à choisir la guerre et le chaos. Nous ne céderons pas », a conclu Patrick Muyaya.
C.MAMPUYA
