Plusieurs cadres de l’opposition congolaise, parmi lesquels Ramazani Shadary, Devos Kitoko, Théophile Mbemba, Dieudonné Bolengetenge, et Franklin Tshiamala, se sont réunis ce mercredi 20 novembre 2024 au siège de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) pour exprimer leur “ferme” opposition à toute tentative de révision ou de modification de la Constitution de 2006.
Ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme une manœuvre politique du président Félix Tshisekedi pour affaiblir les garanties démocratiques et prolonger son pouvoir.
Au cœur du débat constitutionnel se trouve une divergence d’interprétation entre l’article 217, brandi par Félix Tshisekedi, et l’article 214, mis en avant par les opposants. Selon Ramazani Shadary, cadre du Front Commun pour le Congo (FCC) et proche de l’ancien président Joseph Kabila, l’argument du chef de l’État liant l’article 217 à l’occupation des terres congolaises par des étrangers est fallacieux.
« Il n’y a rien de plus faux que l’affirmation de Monsieur Félix Tshisekedi, déclarant à Lubumbashi que l’article 217 est responsable de l’occupation de nos terres par des étrangers. Là, il confond souveraineté et cession de territoire. Selon l’article 214 alinéa 2 de la Constitution, aucun millimètre du territoire national ne peut être cédé sans l’accord préalable du peuple congolais, consulté par référendum », a-t-il déclaré au nom de l’opposition.
Pour les opposants, le projet de révision constitutionnelle ne répond en rien aux véritables besoins des Congolais. Ramazani Shadary a rappelé que la Constitution actuelle n’empêche pas le président de la République d’améliorer les conditions sociales de la population.
« Aucune disposition de la Constitution n’empêche Félix Tshisekedi d’améliorer les conditions sociales du peuple, notamment en garantissant une rémunération décente pour nos militaires, policiers, enseignants, médecins et autres fonctionnaires de l’État, ou encore en stabilisant le taux de change, en réhabilitant les routes et en mettant fin à l’insécurité à l’Est », a-t-il martelé.
Il a également critiqué l’incapacité du régime à récupérer des localités occupées par des groupes armés, comme Bunagana, et à résoudre les problèmes structurels qui affectent le quotidien des Congolais.
L’opposition a profité de cette déclaration pour fustiger la répression politique et les violations des droits humains sous le régime actuel. « La répression contre l’opposition a conduit jusqu’à l’ignoble assassinat de l’honorable Chérubin Okende. Les arrestations arbitraires, comme celles de Seth Kikuni, Jean-Marc Kabund et Mike Mukebay, sont devenues des faits quotidiens, tout comme le tribalisme et le népotisme », a dénoncé Shadary.
Le communiqué commun des cadres de l’opposition souligne également les entraves à la liberté de la presse et les intimidations visant les défenseurs des droits humains.
La réunion de ces figures politiques au siège de la CENCO veut simplement traduire la volonté de l’opposition de former un front commun pour défendre la Constitution de 2006, « fruit d’un consensus national ».
Les opposants appellent à une mobilisation populaire tant au pays que dans la diaspora contre ce qu’ils qualifient de « dérive autoritaire du régime Tshisekedi »
Les manifestations contre la révision constitutionnelle se multiplient, l’opposition reste déterminée à empêcher toute modification des dispositions limitant les mandats présidentiels et garantissant l’intégrité territoriale du pays.
CT. MAMPUYA