Dans un rapport rendu public, ce mercredi
01 octobre 2025, le Conseil Présidentiel de Veille Stratégique (CPVS) accuse l’ancien ministre des finances Nicolas Kazadi d’avoir orchestré, par son ministère une contractualisation irrégulière qui a ouvert la voie à un retard de 3 ans et un gaspillage de 57 millions USD pour la construction de 1000 maisons préfabriquées.
Ces accusations concernent la gestion du projet de construction de 1 000 maisons préfabriquées à Mukilango, destiné à reloger les sinistrés de Matadi-Kibala 2022.
Selon le CPVS, la responsabilité de l’ancien ministre des Finances est manifeste, car il a supervisé le processus de sélection de MILVEST, permettant à l’entreprise de s’arroger des fonds publics sans rendre de résultats tangibles sur le terrain.
La mission de suivi du CPVS révèle que l’entreprise turque MILVEST, attributaire du contrat, a été sélectionnée par le ministère des Finances dirigé à l’époque par Nicolas Kazadi, via un marché de gré à gré, sans l’aval de la Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics (DGCMP) et sans approbation du Premier ministre.
« Le processus de recrutement n’a pas été revu a priori par la DGCMP, et pire, le contrat n’a jamais été validé par le Premier ministre », dénonce le rapport.
Les documents contractuels confirment que le ministère des Finances, sous la direction de Nicolas Kazadi, a orchestré cette contractualisation, en collaboration avec les ministères de l’Urbanisme et Habitat et l’entreprise MILVEST.
Le CPVS souligne que ce choix de passation de marché a empêché « la mise en place d’un cabinet de contrôle indépendant », comme l’exige la loi, privant ainsi le chantier de toute supervision fiable.
Ce rapport affirme que le Premier ministre n’avait pas approuvé le contrat, et aucun cabinet de contrôle indépendant n’a été sollicité, contrairement aux exigences légales.
François Mwamba dénonce ainsi une implication directe de l’ancien ministre dans la dérive du projet, laissant le champ libre à une entreprise proche de ses réseaux pour mobiliser massivement des fonds publics sans résultats concrets.
Le rapport met également en exergue un manque de formalisation du cadre institutionnel. Les rôles des structures publiques chargées de la supervision ACOPRIM, FONHAB et CT-PDU restent flous. Le FONHAB n’a certifié ni approuvé aucune facture, privant le projet d’un suivi financier essentiel, tandis que la CT-PDU s’est limitée à une présence symbolique. Les travaux de construction de 500 logements de type A accusent un retard considérable, avec seulement 16 % de l’avancement physique réalisé, malgré des fonds déjà largement mobilisés.
Le rapport du CPVS souligne également que deux avenants aux contrats, signés en septembre 2023, ont « augmenté le coût total du projet de 37,8 millions USD à 57,48 millions USD, sans changement notable dans le volume ou la nature des travaux ».
Ces ajustements, justifiés par la prise en charge des frais de gestion des structures gouvernementales, renforcent l’impression d’une gestion opaque et dispendieuse, orchestrée sous l’ombre de Nicolas Kazadi et de ses alliés.
François Mwamba va plus loin en dénonçant la chaîne de complicité institutionnelle. MILVEST, selon le CPVS, a bénéficié d’un laxisme total de la part des autorités : ACOPRIM n’a rien supervisé, le FONHAB a fermé les yeux sur des factures fantômes, et la CT-PDU a été réduite à un rôle de spectatrice.
À cet effet, le CPVS appelle l’Inspection Générale des Finances (IGF) à ouvrir une enquête approfondie, à saisir les comptes de MILVEST et à auditionner les responsables des structures impliquées, pour que la lumière soit faite sur cette gabegie.
Pour restaurer la crédibilité du projet, la mission du CPVS recommande également la régularisation des procédures de passation des marchés, ainsi qu’une aide humanitaire d’urgence pour soulager les 750 ménages encore dans l’attente.
Pour la mémoire, à la suite des pluies diluviennes des 13 au 15 décembre 2022, ayant causé 168 décès et laissé 750 ménages sans abri à Matadi-Kibala, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo s’était engagé à reloger dignement les survivants. Le site de Mukilango, dans la commune de Mont-Ngafula, avait été choisi pour ériger 1000 maisons préfabriquées, avec des routes et des ponts de raccordement, dans un délai annoncé de 7 mois.
Cependant, plus de deux ans après le lancement officiel en juillet 2023, aucune maison n’a été livrée et les travaux routiers et de ponts demeurent embryonnaires,à en croire ce rapport.
CTMAMPUYA