D’enfant soldat à prospecteur de mines. C’est la vie d’Yves Ndagano, ce jeune de Goma qui vit actuellement en Allemagne, après avoir réintégré la vie civile à travers un centre d’arts et métiers. Ce trentenaire est ainsi devenu un modèle pour les enfants désireux de quitter la brousse pour réintégrer la communauté.
31 ans aujourd’hui, Yves Ndagano raconte avoir été enrôlé dans la milice Mudundu 40 alors qu’il n’avait que 11 ans, en 2006. Trois mois après, l’enfant obtient la démobilisation dans le territoire de Walungu au Sud-Kivu et révèle les atrocités vécues dès son jeune âge. Il parle ainsi d’horreurs qu’il a vues et des exactions commises contre des civils par ses anciens compagnons d’armes, pointant ainsi des meurtres et des pillages. Son enfance a failli être volée.
« Je suis un survivant de cette guerre. Non seulement parce que je suis né et grandi dedans au Kivu, mais il y a mon enfance qui a été volée dans cette affaire. Innocemment, j’ai été kidnappé et amené dans les groupes armés pour combattre, à l’âge de 11 ans. J’ai travaillé dans les mines en tant qu’enfant, pour creuser le coltan », révèle-t-il.
Notre interlocuteur note avoir été victime des préjugés que subissent les anciens enfants soldats qui rentrent à la maison. « Mon image a été ternie par les stéréotypes et préjugés qui pesaient sur les anciens enfants soldats. Comme si je représentais déjà un danger pour la communauté. J’ai alors décidé d’intégrer le centre de formation des arts et métiers », fait-il remarquer.
Expérience inacceptable !
Pour Yves, les exactions et cruautés de l’Est ont déjà franchi les limites de l’acceptable. Il dit avoir pris le courage de dénoncer ce qui se passe dans l’est de la République démocratique du Congo parce que c’est « inacceptable ce que le peuple vit. Ça fait 30 ans que nous vivons une guerre imposée. Ça fait 30 ans que nous vivons sous les massacres, sous l’injustice internationale ».
Le fils de Goma raconte que les 80% de coltan extrait de la RDC alimentent l’industrie des Smartphones. « Ce n’est pas seulement les Smartphones qui sont à la base de la guerre en RDC. Il y a des Lap top, il y a des caméras, il y a aujourd’hui des voitures électroniques qui sortent… Aujourd’hui on utilise le coltan, en parlant de ce minerai, aujourd’hui le 80 % provient de la RDC, et spécialement au Kivu », note-t-il.
Engagé pour la cause de la RDC
Dans la ville de Cologne, en Allemagne où il vit, Yves Ndagano travaille comme prospecteur des mines. Dans les industries pour lesquelles il peut travailler, ce congolais se charge donc de rechercher et identifier de sites potentiels pour l’extraction de ressources minérales, après une évaluation approfondie. Il invite tous ceux qui travaillent contre la RDC de la protéger et de changer leur manière de collaborer avec les potentiels clients des minerais congolais.
« Si quelqu’un a un petit morceau du Congo dans sa poche, ou chez lui à la maison, il doit aussi savoir protéger la RDC. Protéger la RDC c’est voir la manière de collaborer avec la RDC pour avoir les minerais », conseille-t-il.
Yves travaille actuellement comme prospecteur des mines après qu’il ait quitté la milice Mudundu 40. Ce mouvement armé a œuvré en territoire de Walungu et environs entre 1999 et 2003, avant de reprendre quelques années après.
Visesa Louangel
