Le Centre de Recherche en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL Asbl) a rendu public ce jeudi 25 septembre 2025 son urapport sur la gestion du Fonds spécial de Répartition et d’Indemnisation en faveur des victimes des activités illicites de l’Ouganda en République démocratique du Congo (FRIVAO).
Après trois mois d’investigation, l’organisation pointe de graves irrégularités et recommande l’ouverture d’une enquête judiciaire contre les gestionnaires de ce fonds.
Selon le rapport, entre janvier 2022 et décembre 2024, un total de 194,9 millions de dollars américains a été encaissé sur le compte FRIVAO, ouvert à la Rawbank. Sur cette somme, 105,1 millions USD devaient être affectés à l’indemnisation des victimes de la guerre de Kisangani. Pourtant, à la date du 8 octobre 2024, seules 2,08 millions USD ont effectivement été versées, soit moins de 2 % des fonds destinés à la réparation.
Le CREFDL note que l’essentiel des montants a transité par une dizaine de comptes bancaires, dont plusieurs directement gérés par le ministère de la Justice, en dehors des règles prévues par le décret de création du fonds. Des dépenses non conformes ont été documentées : avances de fonctionnement, per diem pour consultants, achat de véhicules pour le ministère, retraits en espèces au nom du ministre de la Justice et même un financement de 4,2 millions USD pour un bureau de change privé.
Face à ces révélations, le CREFDL recommande à la justice congolaise :
• D’ouvrir une enquête formelle contre tous les gestionnaires de comptes liés au FRIVAO depuis le premier encaissement ;
• De suspendre les paiements en cours en attendant une évaluation indépendante ;
• D’ordonner la restitution et la vente aux enchères des biens indûment acquis grâce à ces fonds.
« Il est impératif que la justice agisse sans délai pour restaurer la confiance et garantir que l’argent destiné aux victimes atteigne réellement sa finalité », souligne le rapport.
Le CREFDL insiste également sur la nécessité pour la Cour des Comptes de publier son rapport d’audit, attendu depuis 2024, afin de pousser à la redevabilité des décideurs.
Pour rappel, la République démocratique du Congo avait obtenu, en février 2022, une réparation de 325 millions USD auprès de la Cour internationale de justice (CIJ), au titre des dommages causés par l’occupation militaire ougandaise à Kisangani et ailleurs. Sur ce montant, 225 millions étaient destinés directement aux victimes.
Alors que l’ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba est condamnée pour détournement de 19 millions USD, le CREFDL alerte : « La lenteur et l’opacité qui entourent la gestion du FRIVAO risquent d’aggraver le sentiment d’injustice des victimes. Seule une enquête judiciaire rigoureuse pourra clarifier les responsabilités et garantir la réparation due ».
CTMAMPUYA