Lors d’une interview accordée à la presse locale récemment, le bâtonnier Jean-Claude Muyambo, a rejeté catégoriquement que la concession située devant le Grand Karavia à Lubumbashi ait un jour appartenu à la famille de l’ancien président Mobutu Sese Seko.
Selon M. Muyambo, qui se base sur sa connaissance du régime de Mobutu, ce dernier ne pouvait pas posséder de terres dans la province étant donné sa fonction de chef d’État. Bien qu’il ait disposé de plusieurs résidences officielles dans la région, notamment à Kamanyola, au golfe Terminus et à Likasi, Mobutu n’avait aucun titre de propriété foncière personnel.
La parcelle revendiquée abritait en réalité la résidence du Procureur général jusqu’à l’arrivée de l’AFDL. Quant à la famille proche de Mobutu, elle habitait une maison adjacente mais ne possédait pas le reste du terrain.
Le bâtonnier de Lubumbashi remet en question les revendications de la famille élargie de Mobutu concernant les terrains en face de Karavia, où des immeubles ont été construits récemment. Muyanbo souligne que ces terrains n’ont jamais été revendiqués par Mobutu lui-même ni par sa famille à l’époque. Il exprime son étonnement face à l’apparition soudaine d’individus affirmant que cette parcelle appartenait à la famille Mobutu.
Il rappelle que les biens que la famille Mobutu a acquis pendant la période de zaïrianisation, comme la ferme Kundelungu, sont bien connus, mais que les revendications sur les concessions minières sont nouvelles et suspectes.
« Si l’on regarde à partir de Karavia et Kamanyola, ce sont les autorités qui y habitaient, et là où se trouvait la première barrière, c’était la résidence officielle du Procureur général jusqu’à l’arrivée de l’AFDL, qui l’a ensuite prise. Ensuite, la personne suivante était le recteur qui y habitait. En ce qui concerne la famille élargie de Mobutu, pas ses enfants, ils avaient une maison en face de Karavia, là où des immeubles ont été construits, et le reste de la parcelle, la soi-disant famille Mobutu prétendait que c’était à eux. Mais si c’était à Mobutu, pourquoi n’ont-ils pas manifesté leur intérêt à l’époque ? », a-t-il relaté.
Le bâtonnier s’étonne de voir ré-émerger aujourd’hui de telles revendications, alors que Mobutu n’a jamais eu des carrés miniers au Katanga. Il met en garde contre d’éventuels « aventuriers » cherchant à tirer profit d’influence usurpée.
« Je pense qu’il n’y a pas de conflit. Je pense qu’il y a des aventuriers qui viennent au Katanga. Ils font n’importe quoi, du trafic d’influence, en prétendant que cette concession était à notre père. Je pense qu’il faut se méfier de ces gens et essayer de comprendre comment cela se fait », a-t-il averti.
Une bataille judiciaire fait rage à Lubumbashi autour de la propriété d’une vaste concession de 19 hectares située le long du lac Kipopo, non loin de l’hôtel Karavia et du golf de Lubumbashi. Depuis plusieurs années, l’homme d’affaires Rahim Dhrolia a entrepris des aménagements sur cette parcelle, qu’il affirme détenir légalement depuis 1989, date à laquelle un certificat d’enregistrement lui aurait été délivré.
Mais la succession de l’ancien président Mobutu Sese Seko a récemment remis en cause cette propriété, brandissant un arrêté ministériel daté de la même année 1989 qui lui attribuerait la concession. Cependant, selon le ministre sortant de l’Urbanisme Pius Muabilu Mbayo, cet arrêté est un faux : aucune trace n’en existe dans les archives ni dans le Journal officiel de l’époque. De plus, il aurait été signé par le secrétaire général et non le ministre lui-même, ce qui jette un doute sur sa légalité.
Le conseil de Rahim Dhrolia affirme de son côté détenir tous les documents prouvant sa pleine propriété depuis 1991. Il dénonce une tentative de récupération mensongère et tardive de la part des héritiers Mobutu, alors que ceux-ci n’ont jamais revendiqué ce terrain jusque-là, malgré sa valeur stratégique.
CT MAMPUYA