Dans un communiqué publié ce vendredi 11 octobre en marge du procès Charles Onana, plusieurs organisations congolaises de défense des droits humains ont exprimé leur désapprobation face à cette démarche judiciaire.
« Les organisations de la société civile et Défenseurs des Droits Humains de la République démocratique du Congo désapprouvent la démarche de la Fédération Internationale pour les droits humains qui s’aligne sur la politique étrangère actuelle de la France dans la Région des Grands Lacs », peut-on ce communiqué.
L’écrivain et journaliste d’investigation Charles Onana est traduit en justice par la Fédération Internationale pour les droits humains (FIDH), la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et l’association Survie.
D’après ces organisations congolaises de défense des droits humains, l’object de ce procès concerne des accusations de négationnisme suite à ses écrits sur le génocide rwandais, notamment dans son ouvrage « Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise ».
Selon ces ONG, l’action de la FIDH apparaît « sélective et opportuniste », occultant des millions de victimes congolaises des conflits en RDC, pourtant documentés dans de nombreux rapports internationaux.
Les signataires de la déclaration s’interrogent sur l’opportunité de cette action, qui semble, à leurs yeux, s’aligner sur la politique étrangère française dans la région des Grands Lacs.
Ils dénoncent un « parti pris flagrant » en faveur des victimes rwandaises, au détriment des millions de Congolais victimes des atrocités perpétrées depuis la fin du génocide rwandais, et déplorent l’inaction de la communauté internationale face aux crimes commis en RDC.
Les organisations congolaises relèvent une « injustice criante » dans la manière dont la communauté internationale traite les crimes survenus dans la région. Alors que les victimes rwandaises ont pu bénéficier de la création du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), les victimes congolaises attendent toujours un mécanisme similaire pour juger les auteurs des crimes commis dans l’Est du Congo.
Ces organisations rappellent que malgré des faits bien documentés, notamment dans les rapports des Nations Unies, les responsables des crimes commis en RDC n’ont jamais été traduits en justice.
Selon elles, l’action contre Charles Onana constitue « un signal négatif, renforçant l’idée d’un complot international contre la RDC » et contribuant à la « perpétuation de la violence dans le pays ».
Le communiqué dénonce également la plainte, qui ne se concentre que sur les aspects qualifiés de négationnistes des écrits de M. Onana, tout en ignorant les accusations graves de crimes commis en RDC avec la complicité internationale.
Les défenseurs des droits humains congolais estiment que, cette approche contribue à banaliser la souffrance des populations congolaises et appellent à un traitement équitable des injustices dans la région des Grands Lacs.
Face à cette situation, les signataires de la déclaration ont formulé plusieurs recommandations. Ils appellent notamment les organisations congolaises membres de la FIDH à se désolidariser de cette action judiciaire et, si nécessaire, à se retirer de la FIDH.
Ils exhortent également les ONG de la RDC et d’ailleurs à dénoncer cette action, qu’ils considèrent comme une atteinte à la liberté d’expression et une tentative de soutenir la politique étrangère française au détriment des victimes congolaises.
Enfin, les organisations demandent à toutes les personnes et institutions éprises de paix et de justice de condamner cette action contre M. Charles Onana et de soutenir la lutte contre l’impunité des crimes commis en RDC.
C’est depuis le 7 octobre que s’est ouvert à Paris le procès de l’écrivain et journaliste d’investigation Charles Onana, poursuivi par la Fédération Internationale pour les droits humains (FIDH), la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et l’association Survie. L’objet de ce procès concerne des accusations de négationnisme suite à ses écrits sur le génocide rwandais, notamment dans son ouvrage Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise
Les organisations à l’origine de la plainte estiment que les écrits de M. Onana comportent des propos qui remettent en question le caractère planifié du génocide des Tutsis au Rwanda, qualifiant cette thèse de « l’une des plus grandes escroqueries du XXe siècle ».
Entre-temps, l’affaire Onana est prise en délibéré, le verdict sera rendu au plus tard le 09 decembre prochain.
C.T MAMPUYA