Où est passé Augustin Matata Ponyo Mapon ? 10 jours après sa condamnation à 10 ans des travaux forcés par la Cour constitutionnelle dans l’affaire Bukanga Lonzo, l’ancien Premier ministre est introuvable. Son parti politique, Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD), a lancé l’alerte ce samedi 31 mai à travers une déclaration politique au ton accusateur, tenant les autorités congolaises pour responsables de sa disparition.
Dans ce document signé par plusieurs cadres dont le secrétaire général Francklin Tshamala, le LGD et ses alliés dénoncent la disparition inexpliquée de leur président national depuis le 21 mai 2025, soit le lendemain du verdict.
« Le LGD et alliés signalent et s’inquiètent de la disparition de leur Président National […] et prennent pour responsable le pouvoir en place de cette disparition et de tout ce qui peut lui arriver », affirme la déclaration.
Le 20 mai, la Cour constitutionnelle avait reconnu Matata Ponyo coupable de détournement de fonds publics à hauteur de 285 millions de dollars dans le cadre du projet agro-industriel de Bukanga Lonzo, le condamnant à une peine de dix ans de travaux forcés. Une décision jugée « arbitraire, inique et inconstitutionnelle » par le LGD, qui y voit un procès politique destiné à neutraliser une figure de l’opposition.
Pour le parti, cette condamnation s’inscrit dans une logique plus large de répression des voix dissidentes.
« Elle rentre dans la logique du pouvoir en place, celle de persécuter et brimer toute voix dissidente afin d’imposer la dictature et la pensée unique comme mode de gouvernance », peut-on lire.
Depuis l’annonce de cette condamnation, Matata Ponyo n’a fait aucune apparition publique ni communiqué à travers ses canaux habituels. Une situation d’autant plus inquiétante que ni ses proches, ni ses collaborateurs ne semblent savoir où il se trouve. Le LGD redoute une détention arbitraire ou pire, et exige des explications claires des autorités sur le sort de leur leader.
Le parti va plus loin en dénonçant des actes de représailles contre la famille de Matata, citant notamment la confiscation du passeport de sa fille par la Direction Générale des Migrations (DGM) alors qu’elle devait se rendre aux États-Unis le 30 mai. Une mesure que le LGD qualifie de persécution et pour laquelle il exige une levée immédiate.
Au-delà du cas Matata, le LGD inscrit son combat dans une lutte plus large pour l’État de droit en République démocratique du Congo. Dans sa déclaration, le parti exprime sa solidarité aux Congolais victimes de l’insécurité généralisée à travers le pays, et réaffirme sa disponibilité à rejoindre toute initiative de paix nationale.
« Le LGD et alliés se déclarent partants et disponibles à adhérer à toute initiative ou appel émanant des Congolais de toute tendance et de tout bord pour ramener la paix et instaurer un véritable État de droit en RDC », conclut la déclaration.
CTMAMPUYA