RDC: Mukwege rejette le dialogue Kinshasa – M23 et plaide pour une « Conférence Internationale pour la Paix »

À la veille des discussions directes entre le gouvernement congolais et le M23, sous la médiation de l’Angola, le prix Nobel de la paix Denis Mukwege a donné son point de vue pour rejetter fermement cette approche. Dans une déclaration publiée ce mardi 17 mars, il appelle plutôt à la tenue d’une Conférence internationale pour la paix en RDC.

Mukwege considère que la crise actuelle ne se limite pas à un conflit interne à la RDC, mais implique directement les pays voisins comme le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Il souligne également les intérêts stratégiques d’acteurs étrangers et privés dans l’exploitation des ressources minières du sous-sol congolais.

Selon lui, se cantonner à des négociations bilatérales entre Kinshasa et le M23 serait « une erreur de diagnostic majeure », car cela reviendrait soit à ignorer les réalités du terrain, soit à « trahir la nation congolaise ». Mukwege plaide donc pour une Conférence internationale visant à revitaliser l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba et à établir une feuille de route concertée entre tous les acteurs concernés.

« Toute tentative de réduire le conflit en cours dans l’Est de la RDC à un conflit interne en optant pour des négociations directes du gouvernement congolais avec le M23 constituerait une erreur de diagnostic majeure. Une telle approche, menée en l’absence d’une Conférence internationale pour la paix en RDC, visant à galvaniser une volonté politique forte aux niveaux national, régional et international, pourrait s’apparenter soit à une méconnaissance des réalités des dynamiques existantes sur le terrain, soit à une trahison de la patrie », propose le prix Nobel de la paix 2018.

Mukwege exhorte également la communauté internationale à faire respecter strictement la résolution 2773 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, qui demande un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel ainsi que le retrait des forces rwandaises du territoire congolais.

Il estime que des négociations directes ne pourraient être envisagées qu’une fois ce cadre international solidifié et les responsabilités de chacun clairement établies. À ce stade, ces discussions devraient inclure tous les groupes armés, la société civile, les partis politiques et le gouvernement congolais.

Mukwege met en garde contre les erreurs du passé et invite les acteurs impliqués à éviter toute compromission qui pourrait hypothéquer le droit du peuple congolais à disposer de lui-même et à vivre en paix.

CTMAMPUYA

Partager

Social Media Auto Publish Powered By : XYZScripts.com