L’affaire Stanys Bujakera, journaliste du magazine Jeune Afrique et Actualité.cd s’est poursuivie ce vendredi 23 janvier devant le tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe siégeant en foraine à la prison centrale de Makala. Au cœur du débat : la désignation d’un expert chargé de mener une contre-expertise sur des documents au cœur du dossier.
Mais une nouvelle fois, le tribunal s’est heurté à des difficultés pour identifier un expert apte à mener à bien cette tâche cruciale. Il a donc décidé de repousser l’audience de deux semaines supplémentaires. Une situation qui renforce les doutes sur la capacité du tribunal à instruire ce dossier de manière équitable pour la défense.
« Le tribunal, lorsque le dossier a été ouvert, a constaté qu’il se trouvait en difficulté de désigner un expert pour faire le rapport de contre-expertise. Ce qui a motivé le tribunal à renvoyer l’audience à deux semaines », a expliqué Me Jean-Marie Kabengela à l’issue de l’audience de ce jour.
Profitant de ce nouveau renvoi, la défense de Stanis Bujakera a de nouveau plaidé pour la remise en liberté provisoire de son client, détenu depuis plus de 6 mois sans jugement. Me Jean-Marie Kabengela a mis en avant le “vide” du dossier d’accusation et les garanties offertes par son client pour obtenir sa remise en liberté le temps de son procès.
« Et nous avons profité pour que la chambre du conseil soit ouverte aux fins de demander la liberté provisoire au profit de notre client, ce qui a été fait. Nous avons postulé pour la liberté provisoire et nous pensons que tout compte démontrer que le dossier est vide et que le tribunal cherchait à savoir qu’est-ce qu’il y a dedans », a-t-il ajouté.
Son conseil d’avocats croit cependant cette-fois le tribunal répondra positivement à la demande de remise en liberté provisoire introduite ce séjour.
« Maintenant que le tribunal lui-même se rend compte qu’il ne peut pas accéder facilement à une contre-expertise avérée, je pense qu’avec toutes les garanties qu’offre notre client, notamment l’adresse connue, il se propose de ne pas entraver le cours normal de procédure, il se dispose également à payer le cautionnement à la hauteur que fixera le tribunal, je pense que cette fois-ci c’est la bonne, le tribunal pourra accéder à notre demande de liberté provisoire en faveur de notre client Stanis Bujakera », a ajouté Me Kabengela.
Cette demande intervient après que le président Félix Tshisekedi ait reconnu publiquement jeudi que le journaliste pourrait être victime d’une “justice malade”. Il avait promis de suivre personnellement le dossier ce vendredi.
Stanis Bujakera a été arrêté le 8 septembre à l’aéroport de Ndjili à Kinshasa, alors qu’il s’apprêtait à embarquer sur un vol à destination de Lubumbashi dans le cadre de sa profession. Il est accusé d’avoir fabriqué et publié une fausse note des services de renseignement affirmant que ces derniers avaient tué Chérubin Okende.
Après avoir été placé en garde à vue, il a été inculpé de plusieurs chefs d’accusation, notamment de propagation de faux bruits, faux en écriture, falsification des sceaux de l’État et transmission de messages erronés et contraires à la loi.
Les avocats de Stanis Bujakera ont toujours rejeté ces accusations.
CT. MAMPUYA