Le procès sur la surfacturation des forages d’eau, impliquant l’ancien ministre du Développement rural François Rubota et l’homme d’affaires Mike Kasenga, s’est poursuivi ce lundi à la Cour de cassation, située dans le nord de Kinshasa, en République démocratique du Congo.
À la barre, l’ancien ministre de développement rural a révélé que l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi, avait versé 375 millions de dollars à l’entreprise dirigée par Mike Kasenga, sans qu’il en ait été informé.
Lors de son intervention, François Rubota a souligné que son rôle, en tant que ministre sectoriel, était principalement d’identifier les besoins et d’assurer la coordination avec les ministères compétents. Il a affirmé que la crise de l’eau potable en RDC l’avait poussé à initier ce projet, mais qu’il s’était ensuite reposé sur les ministres des Finances et du Budget pour la gestion des aspects financiers.
« En tant que ministre sectoriel, ma mission était de créer un cadre favorable à l’amélioration des conditions de vie des populations. Devant l’urgence de la crise de l’eau, j’ai confié le dossier aux ministères compétents. Cependant, j’ai constaté par la suite que 375 millions de dollars avaient été déja payés sans que je ne sois là. En tant que ministre, j’ai exprimé mon opposition lorsque j’ai remarqué que la totalité de la somme était payée », a-t-il déclaré.
Bien avant cela, les avocats de François Rubota ont, par ailleurs, contesté la compétence de la Cour de cassation pour juger cette affaire. Selon Maître Charles Cubaka, le détournement des deniers publics, punissable de travaux forcés, n’a pas de juridiction clairement définie par la loi congolaise pour statuer sur de telles peines. L’avocat a demandé à la Cour de se déclarer incompétente.
Le ministère public a présenté les faits reprochés aux prévenus. Mike Kasenga, en sa qualité de représentant des entreprises CVR Construct Cameroun Sarl et Sotrad Water, est accusé d’avoir détourné 46 963 160 dollars du montant total de 71 816 829 dollars reçus du ministère des Finances. Cette somme devait être utilisée pour l’installation de 241 forages et stations mobiles de traitement d’eau. Cependant, ces infrastructures n’ont pas été livrées comme convenu dans le contrat signé le 21 avril 2021.
François Rubota, de son côté, est accusé d’avoir facilité ce détournement en demandant le paiement intégral au profit de Mike Kasenga, bien que les travaux n’aient pas été exécutés comme stipulé dans le contrat.
Mike Kasenga, également présent à l’audience, est le principal accusé dans cette affaire. En tant que responsable de l’entreprise en charge des travaux, répond aux accusations de détournement de fonds publics au préjudice de l’État congolais.
C.T. MAMPUYA