À l’issue de la conférence tenue le 20 novembre 2024 par la coalition de l’opposition congolaise, Félix Kabange Numbi, cadre du Front Commun pour le Congo (FCC) et proche de l’ancien président Joseph Kabila, a vivement critiqué les initiatives visant à modifier la Constitution de la République démocratique du Congo (RDC). Pour lui, ces démarches cachent une volonté de dérive autoritaire sous le couvert des réformes institutionnelles.
Kabange Numbi a rappelé que la révision constitutionnelle est bel et bien prévue par la Constitution, mais dans un cadre strictement défini par la loi. « Elle se fait à l’Assemblée nationale, réunie en Congrès, avec une majorité de 90 % au Parlement. Nous n’avons pas besoin que le Président de la République se déplace à travers le pays pour demander un changement ou une modification de la Constitution », a-t-il martelé, dénonçant ce qu’il perçoit comme une manipulation de l’opinion publique orchestrée par le gouvernement actuel.
L’ancien ministre a particulièrement critiqué les affirmations des dirigeants en place, notamment l’idée que la Constitution aurait été rédigée par des « étrangers ». Il a réfuté cette allégation en citant l’article 217 de la loi fondamentale qui, selon lui, concerne exclusivement les accords de souveraineté et non la révision constitutionnelle.
Kabange Numbi a également mis en garde contre les dangers d’un détournement des textes constitutionnels, soulignant l’article 214, qui impose un référendum pour toute modification susceptible d’affecter l’intégrité territoriale. « Le véritable projet est celui de changement de la Constitution et cela ouvre la voie à la dictature », a-t-il déploré.
Au-delà de la question procédurale, Kabange Numbi a remis en cause la légitimité des institutions en place, notamment le Parlement. Selon lui, les élections de 2023, entachées d’irrégularités, ont donné naissance à des institutions « illégitimes » qui n’ont aucune autorité pour amender la loi fondamentale.
« Ce Parlement n’a pas le droit de toucher à un seul article de la Constitution », a-t-il affirmé, accusant le régime actuel de préparer un glissement autoritaire sous prétexte des réformes.
Pour contrer ce qu’il perçoit comme une menace grave pour la démocratie congolaise, Félix Kabange Numbi a appelé à l’union des forces politiques et sociales.
« Nous faisons face à un véritable problème et il est essentiel que toutes les forces politiques et sociales soient en accord sur ce point. “Non au changement de la Constitution”, a-t-il insisté.
Kabange Numbi a également rappelé les acquis obtenus sous la présidence de Joseph Kabila, notamment l’alternance pacifique du pouvoir en 2018, qu’il considère comme un modèle de respect des principes démocratiques.
« Nous avons prêté de mauvaises intentions à Joseph Kabila, qui a respecté la Constitution et a permis l’alternance après avoir restauré l’unité du pays », a-t-il souligné.
Dans un message de mobilisation, Kabange Numbi a prévenu que l’opposition intensifiera ses actions dans les mois à venir pour empêcher toute tentative de modification de la Constitution. Il a exhorté les Congolais à résister à ce qu’il qualifie de « porte ouverte à un retour à la dictature ».
Pour l’opposition, ce combat dépasse les clivages politiques. “Il s’agit de préserver les acquis démocratiques et de garantir la stabilité institutionnelle du pays”.
CT. MAMPUYA