La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) disent attendre désormais une audience avec le président Félix-Antoine Tshisekedi pour lui présenter officiellement le rapport issu des consultations autour de leur initiative conjointe baptisée « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ».
Le rapport, fruit de mois de rencontres avec des forces politiques et sociales tant au niveau national qu’international, est finalisé. Mais par respect institutionnel, sa primeur est réservée au chef de l’État. C’est ce qu’a déclaré Monseigneur Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, lors d’un point de presse tenu ce vendredi 16 mai à Kinshasa, à l’issue de leur 62ème Assemblée plénière.
« Nous ne pouvons pas avancer sans l’accord du chef de l’État. Nous l’avons informé dès le début des consultations. Il avait salué l’initiative et l’avait jugée louable. Aujourd’hui, malgré des signaux contradictoires venus de son entourage, nous gardons confiance. Le rapport est prêt. Il a promis de nous recevoir. Nous comprenons qu’il s’agit d’un problème d’agenda, donc nous restons patients », a expliqué Mgr Nshole.
En attendant le feu vert présidentiel, les deux églises se préparent à lancer dès la semaine prochaine un appel à manifestation d’intérêt à l’endroit des chercheurs et experts congolais.
Cette initiative a pour objectif de recruter des scientifiques pour approfondir les thématiques qui nourriront les ateliers du forum national envisagé.
« Il faut identifier les bonnes personnes, leur proposer une méthodologie rigoureuse pour qu’elles se mettent déjà au travail. Ainsi, dès que les conditions seront réunies, nous gagnerons du temps. Mais pour le moment, nous attendons la réaction du Président », a précisé le secrétaire général de la CENCO.
Conscient des réticences exprimées par certains acteurs politiques, notamment au sein de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Mgr Nshole rappelle que la réussite du projet repose sur une réelle volonté d’inclusivité.
« Il n’y aura pas de forum national sans les partis au pouvoir. Si ce projet échoue, l’histoire retiendra les noms de ceux qui s’y sont opposés. Mais si d’autres propositions sont faites et qu’elles permettent de résoudre la crise, nous serons les premiers à applaudir. Chacun doit jouer sa partition. Nous sommes confiants », a-t-il insisté.
La situation sécuritaire dans l’Est de la RDC ne cesse de se dégrader. La récente prise de la ville de Goma par les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise selon plusieurs sources, a ravivé les appels internes et internationaux à un dialogue national. En Europe, des pays comme la France et la Belgique appuient ouvertement les dynamiques de paix, y compris celles portées par les acteurs religieux.
Mais à Kinshasa, le pouvoir semble encore hésitant. Le parti présidentiel estime que l’Église « n’a pas vocation à initier des démarches politiques », une posture que contestent les deux principales confessions religieuses du pays qui se disent investies d’une mission morale et citoyenne.
Pour renforcer l’adhésion populaire à cette démarche, les évêques ont annoncé une neuvaine de prière qui se tiendra à travers tout le pays. Une manière de mobiliser le peuple de Dieu, d’informer les non-initiés et de placer cette initiative sous le regard de la Providence.
CTMAMPUYA



