Rutshuru : Retournées dans leurs ménages, des familles ayant fui la progression du M23 endurent un calvaire à Bukombo

Le groupement Bukombo de la chefferie de Bwito, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu), enregistre plusieurs familles retournées depuis février 2025. En exil, ces familles étaient logées dans des camps de déplacés à Goma et tout autour de la ville. Elles tentent de refaire leur vie dans leur communauté où elles ont presque tout perdu, mais elles expriment le besoin d’assistance.

Fin janvier 2025, lorsque le M23 prend le contrôle de la ville de Goma, la débandade s’est installée dans le chef de la population. Entre autres habitants qui ne savaient plus à quel Saint se vouer, des déplacés venus du territoire de Rutshuru, et pour le cas présent, du groupement de Bukombo.

A leur arrivée à Bukombo centre, en février dernier, les retournés se battent pour la réinsertion dans une communauté où les conditions de vie sont presque semblables à celles qu’ils traversaient dans les camps de déplacés autour de Goma. Nos sources dans cette partie de la chefferie de Bwito mentionnent que certaines familles retrouvent leurs parcelles vides.

« Des obus ont détruit leurs maisons en tout ou en partie. Les retournés cherchent les abris chez leurs voisins ou chez d’autres proches en attendant de reconstruire leurs maisons. Et ceux qui retrouvent leurs maisons, elles sont vides. Des inconnus ont tout pillé profitant de la longue absence des propriétaires », raconte Jacques Kamathe, un activiste des droits humains dans la région.

Perte de productions

A Bukombo centre, certains retournés accèdent à leurs champs. « Mais ceux-ci sont redevenus des jachères où plusieurs espèces d’herbes sauvages ont remplacé les cultures faute d’entretien. D’autres agriculteurs comme nous ne savent pas encore accéder à leurs champs, notamment à Muko, suite à l’insécurité », précise Denise Kavugho, cette femme de 42 ans qui prend en charge une famille de 5 enfants à qui la guerre a ôté le père.

Pour survivre, racontent nos sources, « ces retournés bénéficient en partie de la solidarité d’autres habitants. Ils rendent également de petits services à d’autres habitants en échange de la nourriture. Pas d’argent ».

Des plaidoyers pour la réinsertion

Les acteurs de la société civile reconnaissent ce calvaire qu’endurent les retournés à Bukombo. Jackson Mbula, vice-président de la nouvelle société civile du territoire de Rutshuru, parle des problèmes de réadaptation compte tenu de ce que les déplacés ont vécu dans les camps à Goma et environs.

Aussi, « certains ont connu des problèmes traumatiques après avoir perdu les personnes les plus proches. Il y a donc un besoin d’intervenir avec des activités de soutien émotionnel et d’assistance psychologique », plaide Jackson Mbula.

Selon notre interlocuteur, une autre urgence à laquelle peuvent répondre les bonnes volontés et organisations humanitaires est l’organisation des activités de réinsertion socioéconomique. « Les habitants ont besoin des semences et kits de réinsertion agricole pour le lancement de la saison culturale qui ont connu un retard avec le retard des pluies », poursuit-il.

Pour rappel, en 2022, le M23 a pris le contrôle de plusieurs localités dans le territoire de Rutshuru. En octobre de cette année, la prise de Kiwanja et Rutshuru Centre aux côtés d’autres entités du territoire de Rutshuru, a meme occasionné la suspension du trafic entre Goma et Rutshuru à cause des combats. La situation a aussi provoqué le déplacement de plusieurs civils vers des villes et territoires supposés sécurisés.

Visesa Louangel

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