Depuis fin décembre 2024, 21 centres de santé, 5 centres hospitaliers et l’hôpital général de référence que compte la zone de santé d’Idjwi au Sud-Kivu, sont en rupture des médicaments et autres intrants médicaux suite à la guerre qui secoue la partie est de la RDC.
Aimé Nkemba, médecin chef de zone de santé d’Idjwi confirme cette information et alerte les partenaires œuvrant dans ce secteur pour soutenir les structures sanitaires de l’île d’Idjwi.
« Les structures de santé évoluent difficilement au vu du projet banque mondiale qui a du mal à bien fonctionner ce dernier temps avec la situation de la guerre. Les structures ne sont pas ravitaillées en médicaments et autres intrants spécifiques, elles n’ont pas accès à leurs comptes bancaires », explique le docteur Aimé Nkemba.
Le programme de « gratuité de la maternité » en danger
Cette situation risque de compromettre le programme du gouvernement congolais qui est celui de la gratuité de la maternité dans la province du Sud-Kivu.
Le boss de la zone de santé d’Idjwi, note que ses structures sont en difficultés car l’organisation partenaire, notamment la banque mondiale qui soutient ce programme a du mal à fonctionner suite à la crise sécuritaire.
« Malheureusement, il y a la grande difficulté liée à la gratuité de la maternité décrétée par notre gouvernement, les soins aux nouveaux-nés jusqu’à 1 mois, les soins aux indigents et même le remboursement des soins par les mutuelles de santé. Pour l’instant, la plupart des structures ne paient pas leurs agents et donnent priorité à l’achat des médicaments, mais cette situation va durer jusqu’à quand? », s’interroge Aimé Nkemba.
Un malade trouvé dans un centre de santé, indique que la prise en charge est devenue très compliquée car chaque patient est obligé de payer, seul, ses médicaments dans une pharmacie externe suivant l’ordonnance médicale.
« On nous dit que le stock du centre de santé est déjà vide depuis plus de trois mois et ils faut que je paye les médicaments dans une pharmacie externe. Mais là aussi on ne trouve pas tous les médicaments. Les malades risquent de mourir en masse si cette situation continue « , prévient-il.
Du côté de la société civile, c’est une interpellation au gouvernement congolais de trouver une solution urgente en faveur des structures de santé car la santé n’a pas de prix.
« Avant qu’on en finisse avec cette guerre, il faut que le gouvernement et ses partenaires du domaine de la santé cherche une solution palliative à cette situation car nous risquons de comptabiliser des centaines de morts suite à la rupture des médicaments dans les hôpitaux. Il faut qu’on ravitaille les structures qui n’arrivent plus à mobiliser les fonds propres et qui ne sont plus capables à payer le personnel », conclut Mulume, cet activiste de la société civile.
Notons que le territoire d’Idjwi a accueilli plus de 45 000 déplacés de guerre entre janvier et mars 2025, ces habitants des territoires de Kabare, Kalehe et Masisi ont aussi mis une forte pression sur les stocks dans les structures médicales car ceux qui tombaient malades étaient soignés gratuitement étant en situation de vulnérabilité, ajoute nos sources.
Richelieu BYAMANA